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Les associations de solidarité interpellent Manuel Valls sur les travailleurs pauvres

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Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre, jeudi 26 février, la Fédération des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS), Emmaüs France, le Coorace, le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) et le collectif Alerte - qui réunit 38 organisations de solidarité - interpellent Manuel Valls sur la situation des travailleurs pauvres, en exigeant que le gouvernement développe "une politique ambitieuse (...) pour lutter contre la pauvreté et la précarité en emploi", alors qu'il doit annoncer mardi 3 mars la suite du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté.
Pas moins de "7,5 % des travailleurs en France sont pauvres", rappellent en effet, dans ce courrier, les présidents des associations signataires. Faisant partie des "8,5 millions de personnes qui vivent dans notre pays avec moins de 987 euros par mois", ils sont ainsi "confrontés à des problèmes sérieux pour se loger, s'alimenter, se soigner ou se déplacer", et ont "besoin d'un complément de salaire efficace" que "ni le RSA [revenu de solidarité active] 'activité' ni la prime pour l'emploi n'ont été capables de leur apporter".
La réforme prochaine de ces deux prestations, qui doivent être fusionnées au sein d'une future "prime d'activité", "représentera une vraie plus-value pour les travailleurs", espèrent les organisations, mais seulement "si la prestation est connue, extrêmement simple à demander, à comprendre également et ouverte à tous les travailleurs pauvres, y compris les 18-25 ans et même s'ils sont étudiants ou apprentis". Dans le cas contraire, "des personnes en grand besoin seraient écartées de cette prestation", alors que les associations attendent de cette réforme qu'elle "réduise drastiquement le non-recours et s'appuie donc plutôt sur la PPE dont le caractère quasiment automatique est un atout".

Risque de rater la cible

Elles critiquent en revanche la généralisation du caractère familial de la prime d'activité qui, "si elle était retenue, se traduirait par une perte de pouvoir d'achat brutale et incompréhensible pour un nombre significatif de bénéficiaires". A ce propos, les signataires regrettent "vivement que les associations d'insertion et les personnes accompagnées n'aient pas été consultées sur les différents scénarios de réforme", ce qui aurait "sensiblement réduit le risque que cette nouvelle prime d'activité ne rate à nouveau sa cible".
Par ailleurs, les ressources monétaires ne suffisent pas à abattre toutes les difficultés, poursuit ce courrier, signé par Louis Gallois (FNARS), Pierre Langlade (Coorace), Thieey Kuhn (Emmaüs), François Soulage (collectif Alerte) et Jacques-Henri Vandaele (MNCP). Il est donc "essentiel" que les travailleurs pauvres "puissent obtenir un conseil et un accompagnement dès que la difficulté apparaît", plaident les associations, en soulignant que "des solutions existent déjà" (fonds d'action de certaines branches professionnelles, partenariats entreprises/associations, informations par les syndicats...). Elles doivent être développées "pour que chacun soit à l'abri de ce risque de rupture, de déclassement".
L'ensemble des actions à mettre en oeuvre dans le cadre de cette politique impliquent enfin "un engagement budgétaire ferme de l'Etat, allant au-delà du budget actuellement consacré" à ce problème, qui est qualifié de "bien insuffisant pour réunir les conditions de réussite de la réforme".
Les organisations invitent enfin le gouvernement à organiser, à plus long terme, avec les partenaires sociaux, "une concertation sociale sur la lutte contre la pauvreté en emploi".

A. S.

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