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La Cour des comptes étrille "l’ambition sans lendemain" du PIC

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L'absence de ciblage précis des publics visés et le manque d'un "cadrage budgétaire interministériel" expliquent l'échec du PIC, selon la Cour des comptes.

Crédit photo DR
Dans un rapport au vitriol, la juridiction financière estime que le plan d’investissement dans les compétences (PIC), déployé entre 2017 et 2023, n’a pas atteint ses objectifs pour aller vers "la société des compétences" espérée.

Ce n’est pas un zéro pointé, mais presque. Lancé en 2017, le plan d’investissement dans les compétences (PIC), qui devait constituer un élément majeur du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, n’a pas tenu ses promesses, estime la Cour des comptes dans un rapport dévoilé ce 28 janvier.

Sur le papier, ce plan quinquennal, budgété à 14,6 milliards d’euros sur la période 2017-2022 (puis finalement étendu jusqu’en 2023 pour compenser « l’année blanche » provoquée par le Covid-19), devait permettre à un million de jeunes sans qualification et à autant de chômeurs de longue durée de revenir à l’emploi, tout en engageant en profondeur la transformation du système de formation français. L'objectif : forger la « société des compétences » que l’initiateur du projet, l’économiste Jean Pisani-Ferry, avait imaginée dans son rapport fondateur remis en septembre 2017 au Premier ministre de l’époque, Edouard Philippe.

"Ambition sans lendemain"

Las. En 2021, nonobstant quelques réserves sur son déploiement et la concurrence d’autres initiatives parallèles, un premier rapport de la Cour des comptes s’était montré plutôt favorable à l’égard de ce projet qui, pour une fois, bénéficiait d’un Haut-Commissariat dédié, d’un financement sécurisé de long terme et d’un système d’évaluation associé. Quatre ans plus tard, force est de constater que le compte n’y est pas aux yeux des magistrats financiers.

« Edifier une société des compétences : une ambition sans lendemain », écrivent-ils aujourd’hui alors que l’exécutif a relancé, depuis mars 2024 une deuxième vague du PIC censée s’achever en 2027, mais dotée cette fois de financements bien plus modestes (1,15 milliard d’euros) et axée sur les publics prioritaires et les métiers en tension.

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Succédant au plan « 500 formations d’urgence pour les demandeurs d’emploi » initié à la fin du mandat de François Hollande – à qui l’absence de ciblage avait valu nombre de critiques –, le PIC s’était fixé un cap tant sur les publics à viser que sur les formations prioritaires à mettre en place à leur destination, principalement orientées vers les défis des transitions numériques, écologiques et climatiques. Le plan prévoyait par ailleurs d'engager les régions dans l'opération, celles-ci étant appelées, dans le cadre de « plans régionaux d’investissements dans les compétences » (Pric), à adapter le projet aux spécificités de leurs territoires et de leurs marchés de l’emploi, et investir à la même hauteur que l’Etat.

« Pour un euro investi par l’Etat, un euro sera investi par les conseils régionaux », répétait la ministre du Travail d’alors, Muriel Pénicaud. A l’époque, deux régions seulement avaient refusé de jouer le jeu : Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pour suppléer leur absence, l’Etat avait choisi d’engager les Pric avec les directions régionales de Pôle emploi (aujourd’hui France travail).

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Simple plan de financement 

Malgré cela, les conclusions des magistrats de la rue Cambon sont sans appel : le PIC a manqué sa cible. Certes, en volume, les chiffres sont là : au cours de la séquence 2017-2022, 1,6 million de personnes sont bien rentrées en formation… mais surtout grâce au compte personnel de formation (CPF) autonome et monétisé lancé en parallèle, relève la Cour des comptes.

Quant à la hausse du taux d’emploi des jeunes (28,7 % en 2017, 34,9 % en 2022), des non-diplômés (52,7 % en 2017, 54,3 % en 2022), difficile de la corréler aux effets du PIC. Pire : chez les 18-24 ans non diplômés, le taux d’accès à la formation (qui s’élevait à 11,3 % en 2010) est même descendu à 7,6 % en 2022 malgré une légère augmentation de 2,7 % entre 2017 et 2022. La faute, selon la Cour, à des catégories de publics prioritaires mal définies et à l’absence d’un « cadrage budgétaire interministériel ». De telle sorte que le plan d’investissement dans les compétences s’est surtout révélé un simple « plan de financement », regrettent les magistrats.

Sur l'autre versant, la transformation de l’offre de formation n’a pas non plus été au rendez-vous. Certes, les organismes prestataires se sont modernisés pour répondre aux appels d’offres, mais « l’ambition de transformation structurelle a fait l’objet d’un abandon immédiat ». Seul atout à mettre au crédit du plan, affirme la juridiction financière, l’injection massive d’argent public dans les rouages a permis de maintenir un bon niveau de financement sur des dispositifs existant, notamment en matière d’accompagnement des publics les plus éloignés de l’emploi. Mais sans pour autant transformer en profondeur le système de formation comme le PIC en avait initialement l’ambition.

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