Créé en 2005, l’Etablissement pour l’insertion dans l’emploi (Epide), anciennement Etablissement public d’insertion de la Défense, prend en charge les jeunes sans diplôme ni qualification pour les insérer dans la société. Ces dernières années, son offre pédagogique a été améliorée, mais le nombre de volontaires est en constante diminution, relève la Cour des comptes dans un rapport rendu public le 26 mai.
En 2015, guidé par dix ans d’expérience en matière d’accompagnement des jeunes en difficulté, l’Epide revoit son organisation et se dote de nouveaux outils. De nouveaux agents sont recrutés dans la sphère privée, issus d’associations et d’entreprises d’insertion, renforçant ainsi le socle de compétences techniques des équipes, notamment en matière d’écoute. Sur le plan pédagogique, l’Epide accroît les temps de pause pour préserver la concentration des jeunes volontaires et crée une « offre du soir », organisée autour d’activités sociales. D’après une enquête de l’Ifop réalisée en 2017, cette rénovation est jugée largement positive, autant par les volontaires que par les agents de l’établissement.
Cœur de cible manqué
Pourtant, la fréquentation de l’Epide est en baisse, comme le note la Cour des comptes : 3 526 jeunes ont été admis en 2015, contre seulement 3 167 en 2019. Le taux d’occupation moyen cette année-là s’élevait péniblement à 71 %. Pour la Cour, cette difficulté de recrutement est liée à un « manque de visibilité » auprès du grand public. Un peu plus du tiers des volontaires (35 %) évoquent le bouche-à-oreille comme principale source d’informations sur l’établissement, loin devant les missions locales (25 %), censées être « les prescripteurs les plus directs ».
La Cour estime que la dépendance au bouche-à-oreille fragilise l’établissement, qui par conséquent « accueille en partie des jeunes qui ne correspondent pas à son cœur de cible, les plus fragiles, ce qui entraîne une allocation non optimale des ressources destinées » à ce public. Attirer les jeunes est donc compliqué, mais les fidéliser aussi. Le taux de départs anticipés se maintient à près d’un tiers des jeunes accueillis (31,1 % en 2019).
Communication plus offensive
Pour la Cour des comptes, qui insiste sur la réelle pertinence de l’établissement, plusieurs pistes d’amélioration existent. D’abord, l’Epide doit développer l’hébergement 7 jours sur 7, ce qui « limiterait le décrochage des jeunes qui perdent leur logement ou qui sont logés de manière précaire ». Aujourd’hui, les volontaires sont contraints de rentrer chez eux le week-end, ce qui génère des frais de transport dépassant parfois le montant de leur allocation mensuelle.
La deuxième piste porte sur la communication. La Cour des comptes recommande à l’Epide d’opter pour des mesures plus offensives, que ce soit auprès des acteurs de l’insertion des jeunes ou du grand public, avec un démarchage « plus systématique » des entreprises, des associations locales et des décideurs publics. Pour la Cour, ces efforts devraient pouvoir s’accompagner d’un changement de nom : l’actuel « sigle administratif » est jugé, sans doute à juste titre, « peu explicite ».