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"Il faut s’interroger sur l’avenir des métiers et l’anticiper" (Florian Guyot, Aurore)

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Le secteur social recense entre 10 et 15 % de postes non pourvus. 

Crédit photo Mathieu Ménard / DR
La signature d’une convention de partenariat entre l’association Aurore et l’IRTS Parmentier entend favoriser l’attrait des jeunes pour le secteur social. Stages, évolution de carrière ou échanges avec des professionnels experts sont autant d’atouts sur lesquels s’appuient les deux organismes pour lutter contre les problèmes de recrutement. Explications de Florian Guyot, directeur général d’Aurore.

Asile, précarité, psychiatrie,… Implanté dans le secteur social sur de nombreux territoires, l’association Aurore s’engage avec l’IRTS Parmentier pour consolider l’avenir des métiers du champ social. Florian Guyot, directeur général de l’association mise sur une projection des différentes évolutions de carrière et sur l’affirmation de valeurs claires pour lutter contre les problèmes d’attractivité du secteur. 

ASH : Pourquoi avez-vous signé ce partenariat ?

Florian Guyot : Le travail social constitue notre cœur de métier à tous les deux. Le fait d’investir dans notre secteur contribue à le faire progresser dans son ensemble.

Nos activités ne sont pas toujours connues. Par exemple, les métiers du grand âge et du handicap le sont davantage que ceux de la précarité. Nous pensons donc qu’il faut donner à voir car il est possible d’embrasser des carrières dans le social. Il faut que les jeunes aient envie de s’y investir.

De quelle façon comptez-vous mettre en œuvre cette convention ?

Nous avons trois ambitions communes. Il s’agit d’abord de valoriser les professionnels du social et leur expertise. Les salariés experts d’Aurore interviendront dans les formations et l’IRTS Parmentier bénéficiera de leurs retours du terrain. Nous comptons ensuite offrir aux étudiants des perspectives de carrière au travers de stages. Ces derniers permettront de faire découvrir aux élèves les différentes facettes des métiers des champs de la précarité, de l’exclusion ou du soin. L’idée étant de partager des perspectives claires, et ce, dès le démarrage de leurs études.

Le troisième axe, qui repose sur la recherche, se révèle essentiel. Il permet de questionner l’évolution des pratiques. A savoir, quel est l’avenir des métiers et comment engager des projets de recherche sur les métiers du social ? L’objectif étant de comprendre leur impact pour anticiper l’évolution des métiers. Les publics, les pratiques et les attentes des jeunes changent. Il est donc important de s’interroger sur l’avenir de ces métiers et l’anticiper dès aujourd’hui.

> Sur le même sujet : Quel sont les contours du partenariat signé entre l’IRTS Parmentier et Aurore ?

Quels sont les principaux problèmes que vous rencontrez en matière d’attractivité ?

Nous rencontrons toujours de forts problèmes de recrutement de travailleurs sociaux mais aussi sur les métiers du soin. Au global, le nombre de postes vacants s’évalue entre 10 et 15 %.

Si les mesures du Ségur ont contribué à améliorer un peu l’attractivité et qu’on ressent une légère reprise des embauches sur certains bassins d’emploi, le ratio des postes à pourvoir dans le secteur social montre bien à quel point les enjeux restent forts.

Concrètement, comment comptez-vous agir auprès des étudiants ?

Le fait que des salariés d’Aurore construisent les parcours de formation rend les études beaucoup plus concrètes et les passerelles beaucoup plus évidentes. Les stages permettent quant à eux de créer des relations qui rendent la projection concrète. Je pense que les étudiants ont besoin de savoir ce qui existe et qu’il est facile d’accéder à ces métiers.

Le partenariat prévoit la mise en place d’ateliers de co-construction de projets professionnels qui intègrent vos valeurs communes. Quelles sont-elles ?

Les ateliers seront doublés de rencontres à destination des étudiants : forums, journées portes ouvertes, séminaires,… Elles permettront effectivement de promouvoir des actions et des valeurs du secteur du champ social telles que l’inclusion ou l’inconditionnalité de l’accueil.

A travers ce partenariat, nous entendons aussi promouvoir le développement des carrières des jeunes professionnels. Ils doivent certes réaliser une formation initiale, mais, au fil du temps, des opportunités professionnelles interviendront. Les espaces de discussion, les rencontres et la levée des frontières entre nos deux institutions faciliteront le dialogue. Il ne s’agit donc pas de construire une formation à un instant T mais d’envisager des carrières dans lesquelles chacun pourra se développer.

Un jeune qui entre sur le marché du travail avec un bagage théorique doit pouvoir se dire qu’il aura, à plusieurs reprises, l’occasion de se réinterroger sur son parcours et de pouvoir continuer à progresser.

> A lire aussi : 7 employeurs de l’éducation populaire sur 10 peinent à recruter

Les discussions autour des projets de loi de finances (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 sont en cours à l’Assemblée nationale. Que pensez-vous de l’évolution de la loi sur le volet social ?

Il y a une forme d’évidence. Par exemple, depuis trois ou quatre ans, le nombre de places d’hébergement est à un niveau historique extrêmement haut. 203 000 places sont en effet financées. C’est certes positif. Mais ce niveau de financement n’a pas bougé depuis plusieurs années alors que le nombre de personnes à la rue ne diminue absolument pas.

Il faut donc continuer de s’interroger sur la politique de l’hébergement qui ne doit pas être dirigée par le budget mais au regard des besoins. Aujourd’hui, cela ne se traduit pas complètement dans le PLF. Si des discussions ont lieu en ce moment, je fais confiance aux débats parlementaires pour aller au bout de ces échanges en changeant de logique.

La politique publique de l’hébergement a vocation à atteindre des résultats de fraternité et de dignité en rapport avec la société dans laquelle on souhaite évoluer. Cela suppose donc de s’adapter aux besoins. Et ce, dans un souci d’efficacité. Il s’agit là d’un investissement qui devrait diriger les économies futures. Car ces dernières doivent être cherchées dans le futur, c’est une erreur de raisonnement d’aller les chercher sur le court terme.

Comment expliquez-vous ces choix ?

Contrairement à de nombreux autres pays, la France omet de compter régulièrement le nombre de personnes sans abri. Les études ont lieu tous les 15 ans. La vision des besoins reste donc obscure, ce qui se répercute sur le pilotage de la politique publique. Sans observation en temps réel, la résultante s’impose : combien d’argent reste-t-il ? Combien sommes-nous prêts à payer ? Et ce serait déjà pas mal…

Nous manquons par ailleurs d’une réflexion globale sur les politiques sociales. Pourquoi y a-t-il des individus qui vivent dehors ? Expulsions, sorties sèches de prison ou de l’aide sociale à l’enfance (ASE), demandeurs d’asile déboutés,… Certaines politiques publiques fabriquent du sans-abrisme. A Aurore, nous sommes convaincus que c’est en s’adressant à ces politiques publiques qu’on réduira le besoin, ce n’est pas en contraignant les enveloppes budgétaires.

> Sur le même sujet : Comment les contours du futur Institut national de travail social se dessinent ?

 

 

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