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« Etre travailleur social, c’est être en lutte »

Antoine Le Cam,

[VOCATION TS] Chaque mois, dans les ASH, des néophytes du travail social racontent pourquoi ils ont choisi leur métier et comment ils envisagent l’avenir. Ce moi-ci, c'est au tour d'Antoine Le Cam, 37 ans, qui prépare un master 2 d'interventions et développement social à l'université Rennes 2.

Actuellement, je me définis comme éducateur spécialisé en mutation. Après quinze ans dans la protection de l’enfance, je marque une pause pour préparer un diplôme d’Etat d’ingénierie sociale (DEIS) et un master 2 d’intervention et développement social. C’est intense, mais ça me permet de prendre du recul sur ma pratique, avec une dimension recherche. Je m’intéresse notamment aux dynamiques participatives dans l’intervention sociale. Aujourd’hui, on insiste beaucoup sur la notion d’« empowerment »… Très bien, mais attention aux dérives. Il ne faut pas faire porter toute la responsabilité aux personnes accompagnées.

J’ai grandi dans un milieu familial socialement engagé et, très jeune, j’ai rejoint des associations. Par ce biais, j’ai rencontré des travailleurs sociaux, ce qui m’a incité à devenir éducateur. Le relationnel avec les publics, le travail d’équipe et en réseau ainsi que l’hétérogénéité du métier me plaisent beaucoup.

Le contexte de l’action sociale n’est pas simple. J’encourage toutefois les jeunes à s’y investir pour la richesse et la diversité de la dimension humaine. Mais je leur conseille d’avoir l’esprit critique et de toujours essayer de donner du sens à leur travail. Ce n’est pas toujours facile mais, d’une certaine manière, être travailleur social, c’est aussi être en lutte. Nos métiers exigent des convictions. On fait face à des injustices sociales, donc on ne peut pas rester passif.

La distance professionnelle est un grand mot. Se préserver est important, mais on ne peut pas exiger de l’autre si on ne donne pas un minimum de soi. Cela nécessite d’être ouvert et disponible mentalement, car les situations rencontrées sont parfois complexes. Ces dernières années, en protection de l’enfance, on observe une évolution des publics, avec une augmentation du nombre d’enfants de moins de 3 ans ainsi que de jeunes ayant des notifications MDPH et des parcours de soins importants. Ce qui suggère d’adapter les modes d’intervention.

Dans mon parcours d’éducateur spécialisé, j’ai beaucoup travaillé sur les concepts de parentalité et mon regard n’a cessé d’évoluer. D’autant plus depuis quatre ans et le fait que je l’éprouve en tant que père. Bien que cela reste flou, je m’oriente plutôt vers un poste de chargé de mission en association ou collectivité territoriale. La formation des futurs professionnels m’attire également. En vrai, ma passion pour le secteur s’intensifie, et je trouve ça génial !

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