Le vent d’austérité qui balaye le monde de la formation professionnelle depuis mai 2024 n’aura pas empêché celle-ci de demeurer à un haut niveau dans le secteur sanitaire et médico-social. Au total, 728 818 actions de formation auront été financées l’an passé par l’Opco Santé, l’opérateur de compétences des branches du sanitaire, social et médico-social à but non lucratif (Bass), de l’hospitalisation privée, du thermalisme et des services de santé au travail interentreprises. Soit 15 % de plus qu’en 2023 où l’on n’en avait compté que 633 838, indique l’Opco dans son rapport d’activité 2024 publié cette semaine.
Au total, l’opérateur a engagé l’année dernière 619,4 millions d’euros au service de ses entreprises adhérentes, contre 580,5 millions en 2023. Une montée en puissance rendue possible par le très haut niveau de contributions extra-légales existant dans les secteurs couverts par l’Opco. Pour 2024, ces contributions supérieures au plancher fixé par la loi s’élevaient à 247,1 millions pour les versements volontaires – décidés par les entreprises – et à 113,2 millions pour les contributions conventionnelles mises en place par accords de branches.
>>> A lire: Le ministère du Travail relance le chantier France VAE
685 366 salariés formés dans le SSSMS non lucratif
Sur le podium du nombre de salariés formés, le secteur sanitaire, social et médico-social (SSSM) trône à la première marche avec 685 366 salariés formés l’an dernier, soit 14 % de plus qu’en 2023 et, pour 73 % d’entre eux, engagés dans des formations diplômantes. Et ce, grâce aux efforts financiers particuliers consentis par les branches de ce secteur l’an passé. « Les fonds mutualisés de branche ont connu une hausse de plus de 10 millions d’euros témoignant des investissements importants de la branche SSSMS en faveur des priorités emploi et formation essentielles au secteur associatif. Cette progression illustre un engagement fort en soutien des orientations de branche », témoigne l’Opco Santé.
A titre de comparaison, l’hospitalisation privée et le thermalisme n’ont envoyé que 34 241 salariés en formation en 2024 et la branche des services de prévention et de santé au travail interentreprises (SPSTI), seulement 7 037.
Appentissage en hausse, mais investissement en baisse
Si le nombre de contrats d’apprentissage a connu une progression de 2,4 % dans le périmètre de l’Opco en 2024 (14 666 apprentis), l’investissement des adhérents, lui, a connu une baisse de 2,6 % par rapport à 2023 (190,3 millions contre 195,5). Les contrats de professionnalisation, eux, poursuivent leur chute continue depuis la réforme de la formation de 2018 qui a vu ce type de formation directement concurrencé par l’apprentissage, mieux financé. On ne comptait ainsi plus en 2024 que 1 901 « contrats de pro » dans les branches couvertes par l’opérateur de compétences alors qu’ils étaient encore 2 226 l’année précédente. Un recul de 14,6 %.
Plus surprenant : alors que les partenaires sociaux ont engagé une négociation à marche forcée depuis quelques semaines pour réviser certains dispositifs jugés peu efficaces comme la Pro-A (ce système de promotion ou de reconversion par l’alternance qui a succédé à la défunte période de professionnalisation en 2018), celle-ci se maintient à un niveau plutôt élevé dans le monde de la santé puisqu’elle a bénéficié en 2024 à 2 153 salariés, soit 13,7 % de plus qu’en 2023 pour un coût de 20,2 millions.
Parmi les principaux diplômes en alternance financés par l’Opco, on trouve en première place le DE d’aide-soignant (2 768 contrats d’apprentissage, 330 contrats de professionnalisation, 807 Pro-A), le DE d’éducateur spécialisé (1 927 contrats d’apprentissage, 102 contrats de professionnalisation, 45 Pro-A), le DE d’accompagnant éducatif et social (1 001 contrats d’apprentissage, 563 contrats de professionnalisation, 305 Pro-A) ou encore le DE de moniteur-éducateur (788 contrats d’apprentissage, 167 contrats de professionnalisation, 117 Pro-A).
>>> A lire: Moniteur-éducateur : quelles évolutions pour le diplôme ?
Réductions budgétaires en 2025
Si la formation a bien tenu au sein de l’Opco en 2024, cette année risque en revanche d’être plus agitée. En cause, les différents coups de rabot portés en début d’année aux ressources des Opco dans la loi de finances 2025, à l’image de la réduction de la prime à l’embauche des contrats d’apprentissages la diminution de l'exonération des cotisations sociales des apprentis pour les salaires supérieurs à 900 €, et la modulation à la baisse (jusqu’à 25 %) des ressources allouées aux centres de formaiton d’apprentis (CFA) pour la prise en charge des formations à distance.
>>> A lire: Nouvelles aides à l'embauche d'apprentis : la FNAPSS dénonce "une vision purement comptable"
A ces mesures déjà gravées dans le marbre pourraient en outre, à en croire les informations de nos confrères des Echos, s’ajouter l’instauration d’un ticket modérateur de 750 € à régler pour tout employeur signant un nouveau contrat d’apprentissage pour un diplôme de niveau Bac + 3 et plus, mais aussi une nouvelle réduction – d’un montant de 300 € – des niveaux de prise en charge des contrats d'apprentissage (NPEC), quel que soit le diplôme préparé. Des mesures d’économies encore soumises à l’arbitrage des ministères et qui, mises bout à bout, seraient susceptibles de soulager le budget de l’Etat de quelques centaines de millions d’euros, mais qui pourraient entraîner un recul de l’apprentissage dans des secteurs en pénurie de candidats et qui en avaient fait un outil de recrutement.