« C’est un enjeu majeur que d’être capable d’accueillir davantage de personnes dans les entreprises adaptées et les structures de l’insertion par l’activité économique. Je continue à porter les objectifs de développement que nous nous étions fixés, soit 60 000 places supplémentaires en 2021. Les financements sont inscrits dans les budgets. » Voilà le credo exprimé par Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, le 14 décembre, en réponse aux questions des adhérents de l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis). Elle a toutefois précisé qu’il allait « falloir tenir compte de la crise », pointant des inquiétudes autour des chiffres d’affaires de certaines de ces structures. Avant d’inviter, avec une certaine fermeté, à ce que « chacun prenne sa part et donne de l’activité à ces entreprises inclusives ». D’où la mission confiée à Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, autour des achats inclusifs.
En matière d’emploi des personnes handicapées, elle a rappelé que les primes de 4 000 € à destination des employeurs pour leur embauche seraient prolongées jusqu’au 30 juin 2021, au lieu du 28 février initialement prévu. Toutefois, elle a reconnu qu’il était encore difficile d’en mesurer les effets, le portail permettant de les solliciter n’étant pas encore en fonction… A la différence de celui qui permet de mobiliser les aides en faveur de l’embauche des jeunes, en place depuis le mois d’octobre. Le public jeune compte parmi les priorités affichées, la ministre ayant aussi rappelé que, à compter de janvier, serait mis en place un dispositif jeunes (16-18 ans) pour, dit-elle, leur permettre d’éprouver la diversité des métiers qui s’offre à eux. Ce dispositif vise les jeunes décrocheurs. Il est monté avec l’Association de formation professionnelle pour les adultes (Afpa) et doit offrir un accompagnement de quatre mois.
Les moins de 25 ans toujours privés de minima sociaux
C’est avec ce type de mesures ou avec le doublement réalisé des places en garantie jeunes que la ministre espère répondre aux besoins des jeunes mis en difficulté par la crise. Et non avec une ouverture des minima sociaux aux moins de 25 ans. Elle se dit « convaincue de répondre à la demande des associations et des jeunes ».
Ce dont il est permis de douter, à lire la tribune de Florent Guéguen publiée dans notre magazine. De plus, le refus est toujours net de revaloriser les minima sociaux : « Il faut être attentif à ce [qu’ils] soient positionnés de façon équitable par rapport aux revenus de l’activité. » En ligne avec les positions du président de la République sur ce sujet, elle a toutefois incité les associations de lutte contre la pauvreté à l’alerter s’il restait des personnes sans réponses pour faire face à la crise.
Enfin, du fait d’un agenda social très chargé, elle a confirmé le report de la poursuite du chantier de restructuration des branches, en réponse à la demande des organisations patronales : « Je ne suis pas là pour bousculer les gens. Il n’y a pas d’urgence impérieuse à avancer sur ce chantier. Nous verrons si, dès 2021, il y a des secteurs où il nous faut aller de l’avant. Pour le reste, nous le ferons lorsque les autres problèmes seront réglés. »