Lancée en octobre 2020, la mission pour la revalorisation des métiers de la deuxième ligne a pour objectif de mieux qualifier ces professions qui ont tenu un rôle essentiel au plus fort de la crise sans être suffisamment reconnues. Dans un rapport de bilan rendu le 21 décembre au gouvernement, Christine Erhel et Sophie Moreau-Follenfant, missionnées par la ministre du Travail, rappellent que ces métiers englobent 4,6 millions de personnes (1). Parmi les travailleurs concernés : les caissières, les ouvriers du bâtiment, les agents d’entretien, les boulangers ou encore les aides à domicile et les aides-ménagères, qui représentent 243 798 personnes sur le total des effectifs.
Le rapport met en lumière des conditions de travail difficiles au sein de ces métiers, davantage que pour l’ensemble des salariés. Ces professions enregistrent en effet un nombre important d’emplois à temps partiels, ou discontinus, avec des périodes d’inactivité au cours de l’année. Cela explique en partie leurs très faibles salaires : 11 946 € net annuel en moyenne, ce qui représente 62,5 % du salaire de l’ensemble des salariés du privé.
Plus d’accidents du travail
Les revenus les plus bas sont ceux des aides à domicile et aides-ménagères (11,5 €/heure), arrivent ensuite les agents d’entretien (12,6 €), les maraîchers jardiniers viticulteurs (12,7 €) et les caissiers (12,8 €). Les travailleurs de la deuxième ligne déclarent par ailleurs presque deux fois plus d’accidents du travail que les autres professionnels. En 2019, ils étaient 20 % à avoir eu un ou plusieurs accidents lors de l’année écoulée, contre 11 % pour l’ensemble des salariés.
« Au-delà même de la crise du Covid-19 ou de la gestion d’autres crises potentielles, il faut s’intéresser aux métiers de la deuxième ligne, afin de les rendre visibles et de revaloriser leurs conditions de travail et d’emploi, soulignent les auteurs du rapport. Cette question importe non seulement pour le bien-être des salariés dans ces métiers, pour l’attractivité de ces professions, mais également pour la qualité des produits et services échangés dans l’économie, et pour la cohésion sociale. »
(1) Ce chiffre a été établi à partir de deux critères, selon une étude de la Dares (direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques) : un critère d’exposition au virus et un critère de « travail sur site pendant le premier confinement ».