Une fois par semaine, Sandra Sonié dispose un bouquet de fleurs fraîches sur la table de la salle à manger. Une tradition depuis son arrivée en 2019, qui en dit long sur la façon dont elle envisage son métier de maîtresse de maison. Car cette ancienne gérante de discothèque n’a qu’un souhait : être aux petits soins pour les dix enfants qui y vivent. « Certains ont des parcours de vie très difficiles, et je veux qu’ils se sentent chez eux dans ce lieu où ils passent quelques fois plusieurs années », détaille cette salariée de la maison d’enfants Les Mariniers (de l’association AD PEP 34), située à Sète (Hérault).
Tour à tour chaperon, lingère, cuisinière, conteuse, animatrice ou femme de ménage, ses missions consistent à assurer les conditions d’un bien-être physique et psychologique aux jeunes résidents. « Cela passe aussi bien par des tâches ménagères et de l’intendance que par une foultitude d’autres gestes, comme aller les chercher à l’école, les aider à faire leurs devoirs, leur concocter des bons petits plats équilibrés ou leur faire un câlin quand je sens qu’ils en ont besoin. Un peu comme une maman le ferait », illustre la maîtresse de maison.
Missions possibles
Depuis le passage à des unités plus réduites dans les années 2000, cette fonction a progressivement trouvé une place de choix dans les établissements du secteur social et médico-social. En 2022, l’observatoire de l’Opco Santé recensait 8 819 maîtres de maison, principalement dans le champ de la protection de l’enfance, du handicap ou dans des structures accueillant des personnes âgées. (Baromètre emploi formation 2022. Résultats et enseignements nationaux).
Présents la journée et parfois le week-end, ils sont en général responsables des repas et de l’entretien des locaux, des équipements ou encore du linge, mais la liste de leurs missions varie en fonction du type de structure, des personnes qui y séjournent et de l’intervention de prestataires extérieurs (restauration, nettoyage, blanchisserie, etc.). « A la base, j’ai été embauchée pour proposer des animations hebdomadaires. De fil en aiguille, j’ai pris des responsabilités et je coordonne désormais une équipe de dix personnes. Un rendez-vous médical à prévoir, un anniversaire à fêter, un déménagement à organiser… seule la partie comptabilité n’est pas à ma charge », énumère Séverine Nèple, maîtresse de maison dans une résidence autonomie de 14 logements à Lyon (Rhône).
Horizons très divers
Quand elle repose sur une relation de confiance avec les équipes en place, cette fonction peut offrir une grande liberté d’action. « Avant j’étais cuisinier. Aujourd’hui, ma cuisine sert aussi de support pour organiser des ateliers. Mon but est de donner aux jeunes que j’accompagne, âgés de 13 à 18 ans, un maximum de billes pour leur permettre d’être autonomes à leur sortie », détaille Laurent Guérin qui exerce ce métier depuis 20 ans dans la Mecs Les Lauriers à la Roche-sur-Yon (Vendée). Issus d’horizons professionnels divers, nombre de maître(sse)s de maison travaillent sans formation dédiée.
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Accessible en formation continue, celle-ci permet pourtant d’acquérir, en six à dix mois, une bonne connaissance du secteur et des publics bénéficiaires. « Notre avantage, c’est d’être en permanence avec les usagers et donc de faire remonter des éléments aux éducateurs », argumente Diana Agarding, maîtresse de maison aux Lauriers. Côté qualités, outre « l’expérience de la vie », rempart efficace contre les imprévus, patience, adaptabilité et tolérance sont les maîtres-mots du métier.
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