L’appellation serait-elle victime de son succès ? Si l’on se fonde sur le nombre de coordinateurs de parcours, l’engouement pour cette fonction est en effet d’envergure. En cause, notamment, un vaste changement structurel et organisationnel de l’offre médico-sociale.
Ce changement implique l’émergence d’une nouvelle expertise, celle d’un professionnel-pivot capable de placer la personne accompagnée et ses proches au centre de son parcours, mais aussi de développer leur autodétermination à choisir des prestations sociales, médico-sociales ou sanitaires adaptées à leurs besoins. « On met de l’huile dans les rouages. L’idée est d’apporter de la cohérence à l’intervention pour qu’elle soit pertinente et ajustée à la situation de la personne bénéficiaire, en la faisant coïncider avec les réponses et services proposés sur un territoire donné. On fait un peu de la haute couture », illustre Rachel Touzé Yapoudjian, coordinatrice de parcours au sein du PCPE (pôle de compétences et de prestations externalisées) Sud Loire de l’Adapei Loire-Atlantique.
Avocat, coach et courtier
Si son rôle diffère selon la structure qui l’emploie, le coordinateur de parcours partage avec ses homologues les principes clés que sont la personnalisation de l’accompagnement, la participation de l’usager et l’assurance de la continuité du suivi. « Il est à la fois l’avocat de l’usager et de sa famille, leur coach, mais surtout leur courtier afin de leur proposer des solutions, qu’elles émanent d’acteurs du bassin de vie, de droit commun ou spécialistes, dans ou hors de la structure pour laquelle il travaille », complète Philippe Brandenburger, directeur de la transformation de l’offre au sein de l’Adapei Papillons blancs d’Alsace.
En pratique, sa feuille de route se décline généralement en trois étapes. Durant la première, le professionnel recueille les attentes de la personne, l’aide à structurer sa pensée et à hiérarchiser des priorités. La deuxième consiste en l’élaboration d’un plan d’actions et, en dernier lieu, en sa mise en œuvre. A partir de là, le coordinateur de parcours devient l’interlocuteur privilégié de la personne. Des points réguliers sont réalisés avec celle-ci, mais aussi des co-évaluations avec les différents acteurs. « L’idée est de pouvoir rectifier le tir si besoin pour que le plan produise les effets escomptés et permette la fluidité du parcours », détaille Stéphane Guillier, coordinateur de projet et de parcours pour la plateforme Adultes de l’Apajh Grand-Est.
Fonction hybride
L’accès récent à ce métier emprunte de multiples chemins. « Le coordinateur de parcours n’est pas (ou plus) un éducateur, un thérapeute, un assistant social, mais un nouveau type de professionnel au service de la personne. Il se situe en permanence dans le “faire s’exprimer”, le “faire décider”, le “faire agir” de la personne. Autant de savoir-faire au carrefour d’autres professions », résume le psychosociologue Jean-René Loubat.
D’autres compétences sont requises : savoir négocier, maîtriser les techniques d’entretien et d’évaluation ou encore savoir gérer un réseau partenarial. Il est possible de les acquérir au moyen d’un diplôme universitaire tel que celui des universités de Bordeaux ou de Tours, ou via l’une des nombreuses formations qualifiantes comme celles de l’Espace Sentein, à Montpellier, du NCI ou de l’Enseis, à Lyon. « Pour accéder au métier, beaucoup de professionnels se jettent directement dans la piscine,remarque Philippe Brandenburger. Ça n’est pas forcément un handicap puisqu’il est toujours possible de se former dans un second temps, mais je recommande à minima de s’armer en lisant des ouvrages sur le sujet. »