Hier, il était en cuisine. Aujourd’hui, à la compta. Demain, il sera aux côtés d’un professeur de philosophie pour co-animer un atelier, ou encore en entreprise pour sensibiliser sur le handicap psychique… Au sein du Clubhouse Lyon, Julien Lemasson est un rouage essentiel au bon fonctionnement de cet accueil de jour qui favorise la réinsertion sociale et professionnelle des personnes confrontées à un trouble psychique sévère : « Notre rôle est d’accompagner les membres dans la construction et la réalisation de leur projet professionnel, en apportant des réponses individualisées à toutes les étapes de leur démarche », précise l’ancien commercial reconverti en chargé d’insertion depuis six ans. S’il diffère sur la forme selon les structures, l’objectif des chargés d’insertion reste le même partout : « Le but de notre intervention est de pouvoir mettre les usagers sur une rampe de lancement afin qu’ils puissent atteindre leurs buts, mais cela suppose que ceux-ci soient bien définis », avertit Pierre Cahierre, chargé d’insertion à l’Esat Les Ateliers de l’espoir, situé à Rennes.
Lever les freins
Sa mission, à l’instar de tout chargé d’insertion, consiste en premier lieu à appréhender la personne dans sa globalité, à identifier ses atouts, ses motivations, ses compétences pour élaborer avec elle un diagnostic partagé de sa situation. « Est-ce une question de mobilité ? Un manque de formation ou d’expérience ? Une problématique en lien avec la situation administrative, l’âge, la santé ou le handicap ? Cette étape est également clé pour identifier les freins et proposer des solutions pour les lever », ajoute Pauline Dubourg, conseillère en insertion sociale et professionnelle (CISP) pour l’Association territoriale pour le développement de l’emploi et des compétences (ATDEC) Nantes Métropole.
Des entretiens individuels réguliers sont ainsi nécessaires, en parallèle desquels le chargé d’insertion a également souvent le rôle d’organiser différents ateliers sur des thèmes en lien ou pas avec l’insertion. « Dans les Clubhouses, observe Julien Lemasson, les membres sont les premiers acteurs de leur insertion. On leur propose de réaliser leur CV ou leur lettre de motivation, mais ils participent surtout à toutes les tâches : accueil des visiteurs, communication, organisation de conférences, préparation de repas, nettoyage des locaux, en fonction de leurs compétences… Par ce biais, ils reprennent confiance en eux, et cela participe au succès de leur réinsertion. »
Polyvalence des tâches
Le chargé d’insertion se rend aussi à la rencontre des entreprises. C’est là une part non négligeable de son métier, s’il veut pouvoir faire coïncider les souhaits de l’usager et l’offre sur le territoire. A lui d’alimenter son carnet d’adresses et d’avoir une très bonne connaissance du marché du travail, de l’offre de formations et des dispositifs existants localement. « Il faut être assez actif dans le tissu territorial, se rendre aux manifestations professionnelles, se documenter pour pouvoir informer les publics qu’on accompagne », confirme Pierre Cahierre. Un accompagnement qu’il poursuit dans la durée, avec la possibilité pour les personnes de faire appel à leur référent une fois insérées dans leur nouvel environnement. Facilitateurs, pourvus ou non d’un diplôme spécifique, les chargés d’insertion sont dotés d’un sens de l’écoute, d’une patience à toute épreuve et de compétences rédactionnelles. « Comptes rendus d’entretiens, demandes d’aides financières, rapports… Savoir écrire est un impératif dans ce métier, prévient Julien Lemasson. Mais cet aspect est largement compensé par la polyvalence des tâches. On ne connaît pas la routine. »
