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Comment les contours du futur Institut national du travail social se dessinent

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Le futur INTS ne doit pas être « un énième comité Théodule où se pratique l’entre-soi stérile », avertit Jean-Luc Gleyze, président du département de la Gironde.

Même si sa création est actée pour 2025, le périmètre du futur INTS reste encore à construire. Les acteurs du social plaident pour un organisme "opérationnel", en lien avec les acteurs de terrain, ouvert aux bénéficiaires et... doté des moyens nécessaires à l'exercice de ses missions.

Après six mois de mission de préfiguration menée par l’administratrice de l’Etat Anaïs Bréaud, les missions du futur Institut national du travail social (INTS), dont l'inauguration est prévue courant 2025, se précisent.

Inscrit dans les préconisations du Livre blanc remis en décembre 2023 par le Haut-conseil du travail social (HCTS) aux ministres sociaux de l’époque, l’Institut à venir affiche un projet ambitieux. Celui d'être d'une part un centre de ressources pour les étudiants, chercheurs, employeurs et professionnels du social et du médico-social et d'autre part un organisme de formation à destination des cadres du secteur public et associatif. Mais également un lieu de réflexion, d’échanges et d’expérimentations autour des bonnes pratiques et des moyens à mettre en œuvre pour améliorer l’attractivité des métiers du travail social à l’heure où ceux-ci peinent justement à attirer les candidats.

"Faire sortir le travail social de son insularité"

Sur le papier, il ne s’agira ni de limiter son périmètre à celui d’un simple think-tank, rôle qui pourrait en revanche être dévolu au HCTS ( Haut conseil au travail social) amené à travailler en collaboration étroite avec l’INTS. Et pas davantage d’en faire « un énième comité Théodule où se pratique l’entre-soi stérile », avertit Jean-Luc Gleyze, président du conseil départemental de la Gironde et patron des départements de gauche au sein de Départements de France.

« L’INTS devra être un lieu de valorisation des métiers du travail social, mais aussi un organisme qui fasse sortir le travail social de son insularité hors de son champ », résumait l’un des groupes de travail amené à plancher sur la portée du futur Institut le 5 novembre dernier au Conseil économique, social et environnemental (Cese).

>>> Pour compléter: Le futur Institut national du travail social dans les tuyaux

A cette fin, ses sessions devraient, selon les vœux de ses préfigurateurs, se voir ouvertes très largement à un public varié et accueilli en mixité de profils : cadres supérieurs des trois fonctions publiques et du monde associatif, magistrats, partenaires sociaux, élus, journalistes, professionnels de terrain… sans négliger les principaux concernés, à savoir les personnes accompagnées elles-mêmes. « Ce sera notre défi : parvenir à renforcer le rôle des travailleurs sociaux et des bénéficiaires dans la prise de décision » a indiqué Agnès Canayer, ministre déléguée chargée de la Famille et de la Petite enfance lors de ces assises.

Cette crainte d’un Institut trop refermé sur les seuls experts trouve également des échos dans les territoires, où l’on caresse l’idée de déclinaisons départementales de l’INTS.  « L’Institut a vocation à être opérationnel dans sa capacité à créer un lien entre le national et le local », juge ainsi Jean-Luc Gleyze. Selon ses souhaits, cette volonté doit aussi se traduire par une certaine autonomie d’action et de décision de la future instance : « s’il faut attendre à chaque fois que le législateur intervienne, de nombreux acteurs seront en retard pour répondre aux urgences. L’INTS doit être doté de la responsabilité de faire atterrir ses préconisations ».

Stop-and-go

Laboratoire de réflexion sur l’attractivité des métiers, acteur de l’animation du travail social, l’INTS devra aussi se pencher sur la construction de modules de formation destinés aux décideurs.

Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée en charge du Handicap, lui a d’ailleurs confié une ébauche de feuille de route en réaffirmant son appétence pour la validation des acquis de l’expérience (VAE) comme, avant elle, Catherine Vautrin, l’ancienne ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités. « La vision de la formation classique évolue. Les passerelles entre les métiers se multiplient. L’enjeu est d’offrir un éventail de carrières riches », a-t-elle annoncé. Ces choix de carrières pourraient d’ailleurs émerger au plus tôt puisque la ministre a plaidé pour davantage de synergies entre les établissements de l’Education Nationale et ceux du sanitaire, social et médico-social afin de sensibiliser les élèves – y compris ceux en situation de handicap – à ces métiers.

Cependant, au-delà de ces aspects pratiques, il appartiendra également au futur Institut de mettre en musique les préconisations du Livre blanc en matière de promotion des pratiques professionnelles innovantes ou de réponses aux enjeux du secteur sur l’accompagnement global, les compétences partagées ou la débureaucratisation du fonctionnement des acteurs. Un dernier objectif partagé par Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération des acteurs de la solidarité, qui appelle de ses vœux un allégement de la charge de reporting et d’évaluations qui pèse sur les associations de terrain dédiées au handicap, à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, à la petite enfance ou au soin.

« L’INTS ne pourra pas régler tous les sujets, mais s’il pouvait se pencher sur l’étude de nouveaux mode de management plus souples pour les associations, ce serait déjà un grand pas. Aujourd’hui, ces acteurs sont soumis par l’Etat à des contraintes bureaucratiques équivalentes à celles qui pèsent sur le service public, ce qui contribue à invisibiliser leur action et nuit à l’attractivité de leurs métiers », explique-t-elle.

>>> Pour compléter: Mathieu Klein veut « remettre en chantier le Livre blanc »

Les projets sont donc posés, Encore faut-il que les financements suivent. Sans vision claire sur les politiques de solidarité de l’Etat, l’INTS risque d’avoir du mal à trouver sa place dans le paysage social. « Or, cela fait plusieurs années que nous n’avons plus cette vision. Le champ du travail social n’est abordé que sous le seul angle budgétaire », regrette Nathalie Latour. Une situation qui, selon les acteurs de terrain, soumet le secteur à un constant mouvement de stop-and-go, épuisant les troupes et décourageant les vocations…

 

 

 

 

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