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Apprendre aux personnes accompagnées à surfer sur la Toile

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Photo d'illustration.

Crédit photo APF France Handicap
La plateformatisation des activités et sa complexité laissent de côté les personnes les plus précaires. Pour réduire la fracture numérique, de nombreuses associations ont mis en place des dispositifs d’accès à Internet, d’initiation aux usages du numérique, de géolocalisation, de prévention éducative…

 

Un Cloud solidaire

La plateforme dématérialisée « Reconnect – Le cloud solidaire » est spécialisée dans l’accompagnement social des sans-abri. Lancée en 2016, elle permet de stocker, via un coffre-fort numérique, les documents importants (photocopie de pièce d’identité…) de personnes sans domicile fixe. Créé et géré par les travailleurs sociaux qui les accompagnent sous réserve de l’accord des bénéficiaires, le compte sécurisé permet de faciliter l’accès et le maintien aux droits. « Nous travaillons principalement avec des structures d’hébergement d’urgence, les centres communaux d’action sociale (CCAS), les départements et les services sociaux hospitaliers. La plateforme est par exemple très utile pour obtenir rapidement un certificat d’hébergement », indique Vincent Dallongeville, directeur de Reconnect. Les bénéfices sont doubles. La mobilité des sans-abri engendre souvent la perte de documents et la plupart des structures sociales disposent d’un grand nombre de justificatifs en support papier dont la manipulation est une perte de temps dans les situations d’urgence. Autre avantage : les rappels de rendez-vous administratifs. « La plateforme sert aussi de support pédagogique entre le travailleur social et le bénéficiaire », explique le directeur qui précise que, depuis 2019, le site propose aussi un module dédié aux professionnels (alertes pour les fins de droits, reporting des statistiques…). Environ 20 000 dossiers sont actuellement ouverts. C’est autant de bénéficiaires.

 

Une offre sociale en temps réel

Accès au logement, aux soins, aux banques alimentaires… La plateforme en ligne « Peps » (Paris espace partagé et solidaire) répertorie les offres sociales en temps réel. Coconstruite avec différents partenaires, des travailleurs sociaux et des usagers, elle permet d’abord de faciliter l’accompagnement global du public. Les travailleurs sociaux peuvent ainsi effectuer des recherches en ligne pour une personne en difficulté et lui remettre un document répertoriant les différentes solutions à proximité de chez elle. « Les informations sont disponibles en 23 langues », indique Lionel Barbault, responsable du domaine transverse pour le service des systèmes d’information et des usages numériques de la direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé de la Ville de Paris. La plateforme permet d’optimiser les solutions à disposition et faire gagner du temps puisque le nombre de clics effectués par les travailleurs sociaux est réduit de moitié. Si entre 2018 et 2019, Peps – dont le pilotage est assuré par la Dases (Direction de l'action sociale, de l'enfance et de la santé) – était réservé aux professionnels, le grand public y a désormais accès et il est en code source libre afin que d’autres départements puissent s’en saisir.

 

Accompagner à distance

L’association France terre d’asile s’est saisie de l’impact de la crise sanitaire sur l’accompagnement social qu’elle propose pour publier un guide pratique. Baptisé « Accompagner à distance, outils et pratiques émergents en situation de crise sanitaire majeure », il sert à « aider le travail en distanciel qui risque de se généraliser », souligne Fatiha Mlati, directrice de l’intégration de l’organisation. Appels en visio, utilisation professionnelle de réseaux sociaux ou le soutien psychologique à distance font partie des outils proposés. Le document bénéficie du soutien du ministère de l’Intérieur et du Fonds asile migration intégration (Fami) de l’Union européenne.

 

Les promeneurs du Net

Né en Suède, le réseau Promeneurs du Net est expérimenté en France depuis un peu plus de deux ans(1). L’idée est que les professionnels de l’animation, du social et du médico-social assurent une présence éducative sur la Toile en direction des jeunes. Concrètement, plusieurs heures par semaine, les travailleurs sociaux sont appelés à effectuer une permanence virtuelle sur les réseaux sociaux, à répondre aux questions des jeunes sur Facebook ou Instagram, à poster des messages de prévention, surveiller les informations véhiculées… Soutenu, entre autres partenariats, par les caisses d’allocations familiales, cette approche visant à raccrocher les jeunes à la réalité se déploie aujourd’hui dans plusieurs départements. 

 

Au plus près des publics

Créé en 2013 et implantée au sein de huit métropoles (Paris, Lille, Bordeaux…), Emmaüs Connect lutte contre l’exclusion numérique des personnes en situation de grande précarité. Centres communaux d’action sociale (CCAS), maisons de quartier, associations, centres d’accueil de demandeurs d’asile (Cada), départements… 4 000 structures collaborent avec l’association. « L’idée est d’offrir une possibilité de réorientation aux problématiques numériques », explique Victor Estienney, responsable national d’Emmaüs Connect. Des ateliers d’initiation par session de 12 heures sont organisés pour appréhender l’outil informatique et les rudiments d’Internet, comme les recherches d’informations ou l’envoi de courriels. Une fois les premières compétences acquises, des « permanences connectées » sont organisées et un accompagnement individuel est dispensé par des professionnels et des bénévoles en fonction des besoins. « Certaines personnes viennent depuis le début, d’autres pendant deux ou trois mois et elles peuvent revenir en cas de difficultés », précise le responsable. En parallèle, Emmaüs Connect s’associe à divers dispositifs sociaux pour y intervenir directement. « Notre objectif est d’aller au plus près des publics. La précarité et les problèmes de mobilité sont liés, nous faisons donc en sorte que ce frein de départ ne les pénalise pas. » L’association accompagne aussi d’autres structures à devenir elles-mêmes acteurs de formation. Une vingtaine d’entre elles propose désormais l’offre en interne.

 

Aider les réfugiés

Dans son programme « Accelair Rhône » d’intégration des bénéficiaires du statut de réfugiés, l’association Forum réfugiés-Cosi inclut l’autonomie numérique. Depuis 2018, des ateliers collectifs animés par des référents « visent, par exemple, à appréhender le fonctionnement des applications pour s’actualiser auprès de Pôle emploi, mais le plus important est qu’ils intègrent les raisons pour lesquelles ils le font », explique Chloé Monin, cheffe de service du programme « Accelair Emploi Formation ». Une nécessité au regard de l’augmentation de la dématérialisation des déclarations obligatoires, des démarches et de la difficulté pour certains étrangers de tenir une conversation téléphonique en raison des problèmes de langue. Pour les travailleurs sociaux, « cela réduit le nombre de rendez-vous pour ces questions-là », précise Chloé Monin. L’accompagnement individuel reste toutefois essentiel. Au sein des locaux lyonnais de l’association, 150 personnes ont bénéficié d’un accompagnement au numérique.

 

Une interface entre professionnels et usagers

Horaires de cours, événements étudiants, rendez-vous de santé… Les besoins des jeunes âgés de 15 à 25 ans en situation de handicap accueillis à l’institut d’éducation motrice APF France handicap de Talence (Gironde) sont nombreux. Depuis cinq ans, ils sont regroupés dans un logiciel développé par un informaticien de l’établissement, baptisé « vie quotidienne ». « L’idée était que les jeunes exposent leurs souhaits et que l’organisation s’adapte », explique Julie Merveilleau, adjointe de direction. Ce logiciel permet la communication entre les 76 usagers et la cinquantaine de professionnels : aides médico-psychologiques, employés de la cuisine, animateurs, veilleurs, aides-soignants… Les avantages sont multiples : conservation d’un historique, création de sauvegardes, gain de temps pour les usagers qui n’ont plus à répéter leurs demandes aux différents intervenants. « Cela préserve leur intimité, les entraîne aussi à mener une vie autonome et plus tard à un éventuel recours à des tierces personnes à domicile », se félicite Julie Merveilleau, et c’est bien là l’un des objectifs de l’établissement de façon générale que de développer le libre choix et l’auto­détermination. L’établissement, pour sa part, gagne en traçabilité et en rationalisation des besoins sur les temps forts. Cela peut éviter aussi des gaspillages alimentaires grâce à l’ajustement des horaires et du nombre de repas. Le logiciel n’évite pas que, parfois, il demeure complexe de satisfaire les souhaits de tous. « Dans ces situations, explique Julie Merveilleau, cela oblige les professionnels à se trouver dans une marge de négociation pour faire admettre au jeune l’idée d’un collectif autour de lui. Finalement, cela met l’intelligence au bon niveau. Elle ne se résume pas à de la planification, ce que le logiciel fait très bien tout seul. » Les améliorations portent sur le design de l’application, et sur l’intégration des questions de transport. Mais d’ores et déjà, l’établissement est sollicité par l’association pour un essaimage national de ce qui est perçu comme une initiative inspirante pour l’ensemble de son réseau.

 

Notes

(1) Voir ASH n° 3102 du 15-03-19, p. 30.

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