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Législatives : « Faire entendre la voix des exilés » (Utopia 56)

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« La bataille culturelle est une lutte sans relâche. Et c’est pour ça que la mobilisation des citoyens est encore plus importante aujourd’hui », estime Charlotte Kwantes, coordinatrice nationale d'Utopia 56.

Crédit photo DR
L’association de soutien aux exilés, Utopia 56, prépare la mobilisation en vue du scrutin des 30 juin et 7 juillet. Elle veut faire « front commun » avec les différents acteurs de la solidarité pour porter son message et défendre les droits humains.

Née à Lorient en 2015, Utopia 56 est présente dans une dizaine de villes françaises, notamment à Calais (Pas-de-Calais) et Grande Synthe (Nord), qui ont vu affluer ces dernières années les migrants désireux de rejoindre la Grande-Bretagne. Sa coordinatrice nationale, Charlotte Kwantes, veut lutter contre la banalisation des idées d’extrême droite. Elle craint que si le Rassemblement national accède au pouvoir, l’esprit du projet de loi « immigration » revienne de manière plus radicale encore.

ASH : Comment réagissez-vous au résultat des élections et à l’annonce de la dissolution ?

Charlotte Kwantes : On est effarés. Effrayés, aussi. Et on est bien obligés de tirer des constats : les messages qu’on essaye de porter, la défense des droits humains et des libertés individuelles, n’ont pas mobilisé, au moins pendant les élections européennes. Les personnes sensibilisées ne se sont pas suffisamment manifestées. L’enjeu désormais est énorme : en peu de temps, on doit s’unir avec tous les acteurs, associations et collectifs, pour sensibiliser davantage d’ici les élections législatives.

Comment s’organise justement la mobilisation ?

Des réunions inter-associatives se déroulent avec les autres acteurs associatifs concernés par la solidarité, qu’ils soient engagés sur les migrations mais aussi sur des thématiques comme l’écologie, l’agriculture, etc. L’une d’entre elles s’est tenue mardi à Paris à l’initiative de Vox Public (association créée en 2016 pour soutenir les initiatives citoyennes, ndlr). Elle réunissait notamment une grosse partie des acteurs mobilisés sur le projet de loi « immigration ».

Lire aussi : Dissolution de l’Assemblée : les acteurs sociaux inquiets mais mobilisés

Utopia 56 sera présente samedi aux manifestations contre l’extrême droite, à Paris et partout en France. Chacun construit son positionnement et son discours en interne. L’enjeu, pour nos associations qui ont un fort réseau, c’est de donner confiance à nos militants et sympathisants pour qu’ils se sentent ambassadeurs des messages que l'on passe. Qu’ils s’expriment en tant que citoyens dans leurs réseaux numériques et physiques. Chacun doit être acteur à son échelle.

Est-ce à dire que vous proposerez une communication prête à diffuser ?

Tout le monde travaille ses éléments de langage. En interne, on va essayer d’avoir un kit clé en main, pour que les militants et bénévoles s’en emparent, à titre individuel ou collectif. On essayera de proposer sur les réseaux sociaux des pistes d’action : délivrer un discours pour s’exprimer sur ses propres réseaux sociaux, tenir un stand de sensibilisation, coller des affiches. Chacun doit pouvoir s’en emparer.

Pour tous les Français, c’est un privilège de pouvoir voter. On vote pour soi, mais aussi pour les autres, pour une société du vivre ensemble, où les libertés et les droits de chacun sont respectés.

Quel sera votre message ?

On fera front commun en défense des libertés. On essayera de faire comprendre que les régimes autoritaires, quels que soient les exemples dans le monde, présents ou anciens, sèment le désordre et ne résolvent rien. On ne s’adresse pas seulement à l’archétype de l’électeur d’extrême droite, mais aussi à tous ceux qui ont la flemme de voter, qui sont désillusionnés, qui voient le non-vote comme un acte politique, etc.

De l’inquiétude s’exprime-t-elle chez les personnes exilées que vous accompagnez ?

Pour le moment, il est trop tôt pour avoir des retours du terrain. Mais on aimerait faire en sorte qu’ils puissent s’exprimer, diffuser des messages d’espoir, faire entendre des voix qu’on entend peu, et déjouer les grands fantasmes de l’extrême droite. On aimerait que les personnes concernées prennent leur part dans cet espace de mobilisation et de sensibilisation. Notre enjeu : mobiliser tout le monde.

Comme d’autres, vous étiez mobilisés contre le projet de loi « immigration ». Cinq mois plus tard, les élections sont-elles le signe d’une nouvelle défaite ?

Les idées d’extrême droite sont de plus en plus banalisées. Ce qui était inentendable hier est devenu acceptable. L’appui politique sur ces questions de migration, obsession de l’extrême droite depuis toujours, est fragile. Et la mobilisation des citoyens français, même s’il existe une solidarité forte, autour de quantité de collectifs, d’initiatives individuelles et collectives, est difficile à porter. Quand le fait d’être étranger, retenu en rétention parce qu’on n’a pas le bon papier, de traverser des frontières, de se faire violenter n’est pas vécu, il est plus facile de fermer les yeux.

>>> Lire notre dossier juridique : Loi « immigration » : ce qui change dans le droit des étrangers

La bataille culturelle est loin d’être gagnée. C’est une lutte sans relâche. Et c’est pour cela que la mobilisation des citoyens est encore plus importante aujourd’hui. On se doute que si l’extrême droite obtient la majorité à l'Assemblée nationale, l’esprit du projet de loi « immigration » reviendra au top des priorités, avec des mesures encore plus fortes. Et avec toujours l’obsession de faire croire que donner aux uns, c’est spolier les autres.

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