C'est annoncé : si aucun nom n'a encore filtré, un ministre sera bien chargé d'un portefeuille spécifiquement consacré au handicap. Les acteurs du secteur ne sont pas rassurés pour autant. Et entendent se battre pour ne pas voir leurs revendications reléguées au second plan.
Incompréhension et colère de la Fédération Paralysie Cérébrale France
Le réseau qui accompagne, chaque jour, près de 10 000 personnes à travers 240 établissements et services médico-sociaux et de nombreux habitats inclusifs « appelle le nouveau gouvernement [....] à ne pas réduire les politiques de l’autonomie aux seuls enjeux du grand âge ! Paralysie Cérébrale France sera, sur ce point, d’une très grande vigilance ! »
La fédération attend du ministre « une priorisation des dossiers tels que la citoyenneté et l’accessibilité, la crise des métiers du secteur social, la lutte contre la précarité, la scolarisation des enfants à besoins complexes, la crise du logement adapté, l'accès aux soins, ainsi que le soutien à la vie affective et à la parentalité ».
L’Uniopss adresse un courrier au ministre des Solidarités
Une missive rappelant les attentes des acteurs du secteur et des priorités à prendre en compte : « Quelques impasses nous inquiètent dans ce nouveau gouvernement. » La fédération regrette notamment que la question du handicap ne soit jusqu'à présent « visible dans aucun intitulé ministériel, d’autant plus au lendemain de la réussite des Jeux paralympiques et alors qu’une pleine citoyenneté des personnes en situation de handicap est toujours à construire ».
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L'APF interpelle le Premier ministre
L’Association des Paralysés de France (APF), dans son communiqué, alerte le Premier ministre : l’absence actuelle d'un ministre du handicap envoie un « signal délétère pour les 12 millions de personnes en situation de handicap et les 11 millions d’aidants que compte la France ». Non sans rappeler la condamnation du pays par le Conseil de l'Europe pour violation des droits des personnes en situation de handicap en 2023, l’AFP milite, entre autres, pour le remboursement intégral des fauteuils roulants, de l’accessibilité du métro parisien, et l’école inclusive.
Elle réclame une refonte de la politique du handicap en adoptant « une approche par les droits fondamentaux, et non paternaliste, une approche qui fixe comme objectif aux politiques publiques de garantir l’égale liberté de chaque citoyen ».
Unapei : les questions du handicap noyées dans les portefeuilles ministériels
L'Unapei rappelle que « les personnes en situation de handicap, leurs besoins et leurs droits doivent rester au cœur des politiques publiques (...). L'association alerte sur plusieurs problématiques majeures, telles que l'accès à l'éducation pour les enfants handicapés, les difficultés d'accès à l'emploi et la situation financière critique des Esat ». Elle pointe également les pénuries de professionnels du médico-social, les difficultés d'accès aux soins, et la nécessité d'un soutien renforcé aux aidants.
« Le handicap concerne plus de 12 millions de citoyens, le retard concernant leurs droits est si important que tout est prioritaire. Nous renouvelons notre appel en faveur d’une politique publique du handicap qui soit cohérente, financée et plus ambitieuse qu’elle ne l’est aujourd’hui », alerte Luc Gateau, président de l’Unapei.
L’Adapt croit en l'expertise du ministre des Solidarités
Avec 19 449 personnes en situation de handicap accompagnées, l’Adapt a déploré l’absence du terme « handicap » dans la première équipe ministérielle, « ce qui est d'autant plus étonnant à l'approche des 20 ans de la loi du 11 février 2005, pour l'égalité des droits et des chances ». L'association espère que le nouveau ministre des Solidarités à l'origine de la loi sur l'accompagnement des parents d'enfants malades et handicapés, adopté en juillet 2023, continue de s'impliquer dans les questions sociales.
En réponse aux préoccupations des associations, Paul Christophe a tweeté dès sa nomination : « Comme Président du conseil d'administration de l'institut Vancauwenberghe de Zuyciite en charge d'enfants en situation de polyhandicap, puis comme député et Président de la commission des Affaires sociales, j'ai toujours eu à coeur de défendre les droits fondamentaux des personnes handicapées et une société plus inclusive. Ce n'est pas demain que cela va changer ! Je m'y engage en tant que ministre. » Reste à savoir si le ministre en lice pour le poste Handicap montrera le même engagement.
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