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Devenir socio-esthéticienne, un métier qui allie l'esthétique et le social

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Ariane Rose, socio-estheticienne avec Dominique Roger, 63 ans

Crédit photo Marta NASCIMENTO
[COMMENT ON DEVIENT] A la différence d’une mise en beauté classique, les socio-esthéticiennes pratiquent des soins dans une visée sociale et thérapeutique, et s’adressent aux personnes fragilisées par la précarité, la vieillesse, le handicap ou la maladie.

D’une voix très douce, qui tranche avec la force de sa passion, Léa Pitaud parle de son métier qu’elle exerce depuis six ans en soins palliatifs à domicile. Elle raconte les corps qui s’abandonnent sous ses doigts agiles, le réconfort qui se lit dans les yeux des personnes ainsi apaisées. La socio-esthétique serait née au début du siècle dernier de la nécessité de prendre en charge et soulager les « gueules cassées » rescapées de la Première Guerre mondiale.

D’abord popularisée en Angleterre, la discipline s’est progressivement installée en France à partir des années 1960 auprès des personnes en situation de fragilité, de maladie ou d’isolement social. Sa fonction : prodiguer des soins esthétiques en les combinant à une approche sociale et thérapeutique. Ce qui la différencie fondamentalement de l’esthétique traditionnelle. « Notre rôle est d’aider les personnes à se réapproprier un corps qui a été, ou est encore, maltraité, en dispensant des soins qui leur permet d’être mieux dans leur tête et dans leur physique », résume Léa Pitaud qui intervient également dans une association mettant en lien des femmes atteintes de cancer. Dans ce cadre particulier, soin du visage, pose de vernis, mise en beauté ou massage doivent s’adapter aux corps fragilisés. « Dans le domaine médical, on s’adresse à des patients qui ont des pansements, des perfusions ou encore des aides respiratoires. A nous de faire en sorte que nos soins s’harmonisent avec tout cela », poursuit la socio-esthéticienne nantaise.

« Aider les personnes à prendre soin d'elles »

Dans les ESMS où ces professionnelles sont de plus en plus nombreuses à mettre leurs compétences au service des usagers, leur champ d’action dépasse souvent le seul cadre du soin. Elles s’inscrivent alors dans un cadre institutionnel ou associatif où elles travaillent de concert avec les équipes dans une approche plus globale de la personne. « Une part de notre métier consiste à éduquer pour aider les personnes à prendre soin d’elles. J’ai par exemple beaucoup travaillé en détention avec un public masculin auquel j’ai prodigué des conseils de prévention au niveau de l’hygiène », rembobine Léa Pitaud. Autant de petites astuces du quotidien que Manuela Haouas dévoile également lors de ses ateliers destinés à des femmes victimes de violences conjugales.

Auto-maquillage, auto-soin du visage, colorimétrie… le but de cette démarche est aussi de leur apprendre à se mettre en valeur pour retrouver l’estime d’elles-mêmes. « J’aime participer à la reconstruction d’une personne qui s’est sentie dévalorisée à un moment T », appuie la secrétaire de la FNSE (Fédération nationale de socio-esthétique), fondée en 2019.

« C'est important d'être formé »

Outre un bagage obligatoire en esthétique, la plupart des socio-esthéticiennes choisissent de suivre une formation spécifique. Si elle ne constitue par un prérequis pour exercer, cette formation vise notamment à sensibiliser aux différentes pathologies et publics auprès desquels elles peuvent intervenir. En France, cinq écoles forment à cette discipline. Le Codes (cours d’esthétique à option humanitaire et sociale), créée à Tours en 1978, est la plus ancienne. « C’est important d’être formé à ces notions afin d’adapter les produits à utiliser aux besoins de chaque personne. Ils apprécient d’avoir affaire à quelqu’un qui comprend ce qu’ils vivent », constate Manuela Haouas.

Une mise en confiance préalable qui a l’avantage de contribuer au lâcher-prise. « Quand on pratique un soin, bien souvent, la parole se libère. Il faut être prêt à l’accueillir avec bienveillance et empathie tout en sachant réorienter vers un autre professionnel si nécessaire, prévient-elle. Il n’y a rien de plus valorisant pour moi que de permettre à mes patients d’oublier, le temps d’un soin, leurs difficultés. »

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