« Je prends souvent l’exemple d’un voyage. Avec qui l’entreprend-on ? Comment ?… La retraite, c’est pareil. Pour les travailleurs en situation de handicap, cela signifie s’interroger sur son logement, ses besoins d’aménagement, sa vie sociale… Et profiter d’être encore en activité pour construire cette nouvelle vie », explique Virginie Jurkowski, chargée de prévention sociale à la Carsat Bretagne. En 2021, l’organisme régional d’assurance retraite et de santé au travail a mis en œuvre le dispositif « Travailleur en situation de handicap, je choisis ma retraite : qui m’accompagne ? », imaginé un an plus tôt pour mieux s’adresser aux travailleurs d’Esat (établissement et service d’aide par le travail). « L’une de nos missions est d’informer les salariés, de leur expliquer comment se construit une carrière, à quel âge on peut partir et quelle est la procédure. Or nous constations que le public en situation de handicap ne se projetait pas dans sa vie à la retraite. En outre, l’information dispensée, très centrée sur les démarches administratives, n’était pas adaptée », note Vincent Pavis, chargé de mission « retraite » à la Carsat.
Ce dernier sollicite alors sa collègue chargée de prévention sociale. Elle-même a justement été interpelée par l’association régionale des Esat (Aresat). « La retraite est un sujet commun aux 86 Esat de Bretagne, 25 % des travailleurs y ont plus de 50 ans, rappelle Gwenaël Planchin, chargé du projet “Un avenir après le travail” à l’Aresat Bretagne. L’idée était de construire une démarche collective avec des acteurs de droit commun. » Ensemble, la Carsat et l’Aresat mettent donc au point une formule qui comprend une journée d’information collective, avec des ateliers, des animations et, surtout des supports adaptés en facile à lire et à comprendre. Y sont conviés les travailleurs d’Esat, leurs encadrants, mais aussi leurs familles, leurs tuteurs… « Nous souhaitions que tout le monde ait la même information au même moment, mais qu’au final, ce soit le travailleur qui décide, précise Virginie Jurkowski. Cette journée est un tremplin pour se saisir des questions de ressources, santé, logement… »
Des partenaires et des relais
Six mois plus tard, quand ils auront mûri leur projet, les travailleurs d’Esat seront reçus en entretien individuel. Entretemps, ils auront pu s’appuyer sur les animateurs retraite, des professionnels de leurs établissements formés à ces questions et chargés de nouer des partenariats locaux. Il en existe aujourd’hui plus de 200 en Bretagne, Kristell Cadour, assistante sociale aux Papillons blancs du Finistère, est l’une d’entre eux. « Notre volonté est d’aller vers un guichet unique adapté aux personnes en situation de handicap. Cet accès direct à la Carsat et la caisse d’allocations familiales prolonge et structure ce que nous avions déjà mis en place en interne », explique-t-elle. Dès 50 ans, en effet, les travailleurs de cet Esat peuvent bénéficier d’un temps partiel pour tester des activités dans les centres sociaux, les maisons de quartier, les clubs de sport… « Je sensibilise actuellement France bénévolat à l’accueil des personnes en situation de handicap dans leurs rangs. Ces partenaires intègrent ensuite notre comité de pilotage », ajoute Gwenaël Planchin.
Les services d’accompagnement à la vie sociale (SAVS), les centres locaux d’information et de coordination (Clic) sont également parties prenantes du dispositif. « Le système est encore perfectible. Nous souhaitons par exemple associer plus étroitement les maisons départementales pour les personnes handicapées pour avoir les historiques des reconnaissances de la qualité de travailleur handicapé, résoudre les problèmes de ruptures administratives », note pour sa part Vincent Pavis. Plus de collectif pour plus de simplicité.
