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Le Qatar tente de « redorer » son image sociale

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Crédit photo Jewel SAMAD / AFP
Confronté aux menaces de boycott qui visent la très controversée Coupe du monde de football 2022, l’émirat multiplie les opérations de communication pour rehausser sa notoriété. Notamment par le biais du travail social.

Comment célébrer le travail social dans un pays où la profession est quasi inexistante et où la plupart des travailleurs sont littéralement privés de tous droits sociaux ? Le 6 octobre, l’agence de presse Qatar News Agency (QNA) a annoncé en grande pompe la signature d’un mémorandum d’entente entre la Fondation du Qatar pour le travail social et l’organisation Empowerment of the World (« autonomisation du monde »). Un accord conclu en marge de l’organisation à Doha, la capitale qatarie, du Sommet mondial de l’innovation pour la santé (Wish 2022). L’objectif : « renforcer les capacités de conception globale des villes intelligentes » en se focalisant sur « la politique sociale et l’intégration dans la société », explique l’agence de presse. Tandis que Laa’ali Mohamad Abu Alfain, directrice exécutive du Centre Shafallah, dédié à la prise en charge des enfants autistes, et pilier de la Fondation du Qatar pour le travail social, se veut encore plus floue : « Le mémorandum d’entente porte sur la coopération dans le domaine des études et de la recherche, des échanges d’expériences et des visites, afin de définir des stratégies spécifiques à adopter par les centres d’aide aux personnes ayant des besoins spéciaux. » L’occasion, ajoute-t-elle, de mettre en avant une « expérience cumulée pendant vingt-trois ans [la fondation a été créée en 1999 par la famille royale qatarie, ndlr], ce qui est une véritable qualification pour nous hisser sur la scène internationale, d’autant que le Qatar attire en cette période tous les regards, avec l’accueil de la Coupe du monde 2022 de la Fifa ».

Écrans de fumée

Inquiète des manifestations de boycott qui se multiplient à travers le monde (plusieurs villes françaises ont ainsi annoncé qu’elles ne diffuseraient pas les matchs de la compétition sur écrans géants), Doha multiplie les opérations de communication, conçues comme autant d’écrans de fumée pour masquer la situation désastreuse des droits des travailleurs dans l’émirat. Pour mémoire, près de 6 500 ouvriers étrangers ont trouvé la mort sur les chantiers frénétiques engagés par le Qatar pour l’organisation de cette Coupe du monde, qu’il s’agisse de complexes hôteliers, de stades climatisés ou d’infrastructures diverses. Un chiffre vivement contesté par les autorités qataries, mais qui provient pourtant des données officielles fournies par l’Inde, le Bangladesh, le Népal et le Sri Lanka, quatre pays dont sont originaires nombre des semi-esclaves exploités au cœur de cette monarchie absolue. Et le nombre de morts pourrait en réalité être beaucoup plus élevé, puisque les calculs n’incluent pas les disparitions d’ouvriers originaires d’autres pays comme les Philippines ou le Kenya, alors que le Qatar emploie près de 2 millions de travailleurs migrants, soit près de 90 % de sa population totale.

Actions réservées aux Qataris

Sans surprise, les bonnes œuvres de la famille royale qatarie s’adressent exclusivement à la caste des « happy few » locaux. La Fondation du Qatar pour le travail social « s’occupe du développement social et humain dans les domaines du soutien à la stabilité familiale, des soins aux orphelins et de la protection des enfants et des femmes, des soins aux personnes âgées et des personnes handicapées », explique sa représentante. Inutile de préciser que les travailleurs migrants, eux, n’ont pas le droit de fonder une famille ou de faire venir leurs proches au Qatar. Ils n’ont même pas la possibilité de quitter le pays à leur guise, les passeports des forçats de la Coupe du monde étant confisqués par leurs employeurs dès leur arrivée sur le sol qatari.

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