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Addictions : des femmes et leurs enfants en communauté

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Crédit photo DR
La première communauté thérapeutique de France dédiée aux femmes en situation d’addiction avec leurs enfants a ouvert en janvier dernier dans l’ouest de la Guyane. La structure mise sur un soutien mutuel entre résidentes et le développement de compétences professionnelles pour accompagner les bénéficiaires.

C’est une spécificité qui a toute son importance. Au sein de la communauté thérapeutique Yépi Makandra, les femmes en situation d’addiction peuvent être accompagnées avec leurs enfants. Cette structure, unique en France et située dans la commune d’Awala Yalimapo, dans l’ouest de la Guyane, a ainsi vocation à lever un obstacle récurrent dans la prise en charge de ce public. « La démarche de soins résidentiels est très prenante et peut durer longtemps. Il est compliqué pour une femme d’imaginer quitter le domicile familial et couper le lien avec ses enfants », explique Aurélien Detchenique, chef de service au sein de l’association Akatij porteuse du projet. D’autre part, les enfants, parfois touchés par les pathologies addictives de leurs parents, peuvent aussi avoir besoin d’être accompagnés.

Le « miroir » de l’autre

Ouverte depuis janvier, la communauté thérapeutique accueille les femmes pour une durée de 12 à 18 mois. « L’idée est de rester pour se soigner, reconstruire une estime de soi et penser son avenir, détaille Marie Nicaise, directrice générale d’Akatij. Et éviter ainsi de retomber dans les mêmes schémas ayant amené la personne à consommer. » Dans un premier temps, le règlement est assez strict puisque les résidentes ont interdiction d’utiliser le téléphone et sont encadrées pour les sorties. Plus la personne avance dans la démarche de soins, plus elle acquiert de l’autonomie.

Une équipe pluridisciplinaire, composée entre autres d’éducateurs, d’un médecin et d’un psychologue, intervient sur le site. Mais c’est la communauté elle-même qui tient le rôle central dans l’accompagnement. « L’autre est un miroir de nos difficultés », résume Murielle(1), qui est arrivée à Yépi Makandra en mars, après être « tombée » dans l’alcool et la cocaïne. « Les professionnels ont la théorie, mais ne peuvent pas réellement savoir ce qu’il se passe dans nos têtes. Entre femmes, nous discutons beaucoup. Certaines choses sont assimilées plus vite. » Au fil des semaines, la résidente explique par exemple avoir porté un regard nouveau sur « les crises » subies lors de la phase de sevrage. « Je sais que ces épisodes passent. Si une nouvelle femme arrive et traverse une crise, je parviendrai à me positionner. Je saurai que c’est temporaire. » En plus de l’accompagnement médical, des activités thérapeutiques, comme le photolangage ou l’art-thérapie, sont mises en place. Les résidentes participent également à l’ensemble de la vie de la structure : entretien, préparation des repas, garde d’enfants partagée… Les activités techniques sont d’ailleurs encadrées pour permettre un développement de compétences. « Nous nous sommes dotés d’une cuisine professionnelle et d’une crèche qu’on souhaite professionnaliser aussi pour permettre aux femmes d’acquérir des compétences transférables au monde du travail, souligne Marie Nicaise. Nous aimerions même certifier ces parcours-là. »

Pour le moment, seules quatre résidentes sont accompagnées à Yépi Makandra, alors que la structure peut accueillir 25 femmes et 15 enfants. Cela s’explique en partie par le fait que le dispositif n’est pas encore connu des partenaires sociaux. Mais pas seulement. « En Guyane, la mobilité est compliquée. Il n’y a presque pas de transports en commun et les gens ont du mal à s’extraire de leur commune d’origine », rapporte Marie Nicaise. A terme, le site aimerait ouvrir ses portes à des femmes en métropole ou aux Antilles. « Comme la démarche communautaire est basée sur le partage d’expérience, plus les profils sont différents, plus c’est intéressant », explique Aurélien Detchenique.

Notes

(1) Le prénom a été modifié.

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