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Formation : prévenir les conduites à risques des adolescents

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FRANCE-EDUCATION-BACK TO MIDDLE SCHOOL AT RIEUMES

Photo d’illustration.

Crédit photo Adrien Nowak / Studio Hans Lucas via AFP
Déployé en Seine-Saint-Denis et à Paris, Mission Papillagou est un programme de développement des compétences psychosociales des collégiens. Depuis son implantation en Ile-de-France, plus d’une centaine de professionnels ont été formés à cet outil favorisant la prévention des risques et le travail en partenariat.

Créer une communauté éducative et prévenir les conduites à risques chez les collégiens de la capitale et de la Seine-Saint-Denis, telle est l’ambition du programme Mission Papillagou. Baptisé ainsi en l’honneur du jeu « Papillagou et les enfants de Croque Lune », créé en 1998 par l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), le programme a été réadapté en un outil de médiation ludique conçu pour mener des actions de prévention en 2012. A Paris, il est porté par la Mission métropolitaine de prévention des conduites à risques (MMPCR) et l’Association de prévention spécialisée et d’accompagnement des jeunes (Apsaj), dans le XIXe arrondissement.

En dix ans, Mission Papillagou a bien grandi. Implanté à Paris en 2016, dans le cadre d’un groupe de travail sur l’engagement des jeunes dans le trafic de drogues, le dispositif s’est diffusé rapidement auprès des acteurs socio-éducatifs du territoire. Depuis, plus de 1 800 élèves et 75 classes de 6e et de 5e ont participé au projet dans la capitale. Intégré à la stratégie parisienne de prévention des risques, le programme a formé plus d’une centaine de travailleurs sociaux à sa pédagogie.

La formation est gratuite et ouverte à « tous les professionnels qui vont à un moment ou à un autre intervenir auprès des jeunes sur le territoire ou au sein du collège », explique Nicolas Hug, chef de projet pour Mission Papillagou à Paris. Transversale, elle s’adresse à tous les intervenants socio-éducatifs : éducateurs de prévention spécialisée, animateurs socio-culturels de centres Paris Anim’ ou de centres sociaux, membres d’associations jeunesse et sport, professionnels de la maison des adolescents, personnels de collège, etc. Soutenu par la Ville de Paris et la région Ile-de-France depuis 2020, la richesse du dispositif tient dans la diversité de ses acteurs.

Son objectif ? Développer les compétences psychosociales des élèves et prévenir les conduites à risques. Pour ce faire, les activités du jeu visent à « renforcer l’estime de soi des élèves » et à « améliorer le climat relationnel au sein de la classe » en travaillant autour des « problématiques de genre, d’emprise, de harcèlement, et de gestion de la colère », précise Nicolas Hug. L’intervention en classe se déroule en trois demi-journées et se décline en deux parties : l’une où les élèves sont réunis en petits groupes pour réaliser les activités thématiques et l’autre où ils sont rassemblés pour la mise en commun et le débat. Les sous-groupes sont animés par des étudiants en travail social et le débat est supervisé par les professionnels.

Un « accélérateur de relations »

Pour Bastien Melh, moniteur-éducateur au Club du canal, service de prévention spécialisée de l’association Opej, dans le XIXe arrondissement parisien, « le groupe de parole à la fin de chaque demi-journée est essentiel ». Il permet, selon lui, « d’aider les jeunes à faire ressortir les problématiques et à les mettre en mots par eux-mêmes ». Le projet a pour mission de rendre les élèves « acteurs de leur prévention ». Mais cette pédagogie ne se décrète pas, elle se construit. La gestion de ces temps d’échange nécessite des savoir-faire précis et une posture qui s’acquièrent durant la formation. « Nombreux sont les moments où l’on va faire les activités en se mettant à la place des enfants, sous forme de jeux de rôles et de mises en situation. Les temps de pratique sont très enrichissants », souligne Sébastien Daubes, responsable du pôle de réussite éducative de la ville de Bagnolet, dont le collège de secteur a participé à l’action pour la première fois en 2022. Afin d’éviter un trop grand écart entre la théorie et la pratique, Clara Legrand, éducatrice de prévention à l’Apsaj, précise qu’à l’issue de la formation, chaque professionnel « assiste en tant qu’observateur à une séance pilotée par d’autres professionnels dans une classe ». Cette immersion permet de confronter le contenu de l’enseignement à la réalité des dynamiques inhérentes sur le terrain.

Du côté des professionnels, le constat est clair : l’intervention en classe favorise la rencontre avec les élèves. Clara Legrand explique, pleine d’enthousiasme, que participer à Mission Papillagou représente « un gain de temps pour créer du lien avec les élèves ». Elle précise : « On passe presque deux jours avec eux à aborder des sujets sensibles, puis on les retrouve à la sortie. Dans la rue, on est identifiés. C’est un véritable accélérateur de relations. » Tout l’intérêt réside dans le fait de pouvoir « entrer dans le collège. Au bout de quatre ans, on connaît toutes les classes de 6e et 5e », poursuit la jeune professionnelle. Même observation chez Bastien Melh. « Maintenant, devant le collège, on m’appelle “Monsieur Papillagou” », ironise-t-il. Il insiste également sur les avantages de pouvoir rencontrer toute la classe : « C’est un atout, car il faut savoir qu’en prévention, dans la rue, on a très souvent les garçons, tandis que les filles sont moins visibles. » L’intervention en cours permet « le repérage d’enfants présentant des fragilités et vis-à-vis desquels il faudrait prévoir un accompagnement plus individualisé », indique Sébastien Daubes.

Créer une « communauté éducative »

Pour Nicolas Hug, l’autre avantage du programme est qu’il peut être réadapté par les travailleurs sociaux, afin d’être « réutilisé avec les jeunes qu’ils accompagnent » pour aborder des problématiques précises. Clara Legrand nourrit ainsi sa pratique des techniques qu’elle a appréhendées lors la formation. « Elle permet de se repositionner, de se mettre dans des postures d’écoute et de valoriser la parole d’autrui », analyse l’éducatrice qui travaille avec des adolescents du collège Méliès, dans le XIXe arrondissement.

Si Mission Papillagou permet d’entrer en relation avec les collégiens, il génère également du lien entre les professionnels. « Ce support permet du travail partenarial. On échange, on se croise, on est au courant de ce que l’on fait », pointe Sébastien Daubes. Ces temps de formation sont aussi des temps de rencontre qui fluidifient les échanges entre professionnels. « Quand on décroche son téléphone pour appeler un partenaire, que ce soit une autre équipe de prévention, une assistante sociale, ou un conseiller principal d’éducation, ce n’est plus la même chose. On se connaît, on trouve davantage de proximité, voire de complicité, parfois », insiste Bastien Melh, qui participe au projet depuis deux ans.

La formation dure trois jours et les participants sont volontairement panachés durant les sessions. « On cherche à faire participer des personnes qui viennent d’horizons professionnels différents. Les expériences et le rapport au public ne sont pas les mêmes selon qu’on est psychologue, animateur ou éducateur », détaille Nicolas Hug. Pour les responsables du projet, l’aspiration principale est de créer « une communauté éducative » dans et autour des collèges. L’idée à court terme : que l’outil « se diffuse et se réplique », assure le chef de projet. A cet effet, la MMPCR et l’Apsaj continuent de le promouvoir auprès de la direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé et des établissements scolaires. Pour l’heure, le dispositif est présent dans cinq arrondissements et 17 collèges sont partenaires du projet en 2022. Au total, 99 professionnels ont été formés depuis 2020.

Papillagou pour les étudiants

Le programme Mission Papillagou s’adresse également aux étudiants en deuxième année de formation d’éducateur spécialisé et à ceux préparant le diplôme d’état d’infirmier. L’Apsaj et la MMPCR ont noué un partenariat avec les Cemea d’Aubervilliers, l’IRTS Parmentier, l’IFSI de la Croix-Saint-Simon, à Montreuil, et de la Fondation Léonie-Chaptal située à Sarcelles. Pour les étudiants infirmiers, le module se décline en stages comprenant la formation et plusieurs interventions en classe (encadrement des sous-groupes). « Papillagou est un outil qui prend en compte le soin de manière générale », explique Nicolas Hug. Or les infirmiers peuvent être amenés à accompagner des élèves. Pour les étudiants en formation d’éducateur spécialisé, Mission Papillagou constitue un module optionnel à part entière. Il dure 26 jours et comprend l’élaboration d’un diagnostic de territoire, le développement d’un mini-projet et quatre interventions en classe. Cette mise en situation a pour but de confronter les étudiants à la gestion d’un groupe et de favoriser l’entrée en relation avec les adolescents. Une fois diplômés, ils peuvent diffuser l’outil et sa pédagogie sur leurs futurs terrains professionnels. Depuis 2020, le nombre d’étudiants ayant participé à cette formation s’élève à 146.

 

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