Redonner du pouvoir d’action aux bénéficiaires de la protection internationale (BPI) dans leur processus d’intégration. Tel est le premier objectif de l’application gratuite Réfugiés.info, lancée le 30 novembre dernier. Portée et financée par la délégation interministérielle à l’accueil et à l’intégration des réfugiés (Diair), le nouvel outil informe sur les dispositifs nationaux et à proximité de chez eux qui leur sont réservés. Il permet aussi aux usagers de comprendre les démarches administratives, parfois complexes à appréhender. Après avoir téléchargé l’application, chaque utilisateur y enregistre ses caractéristiques personnelles : âge, lieu de résidence. Le ciblage de ses attentes est ainsi personnalisé. « J’y ai trouvé des notices pour réaliser mon CV, avec de nombreux détails, tels que l’importance ici d’un faible nombre de pages, contrairement aux usages en Syrie, d’où je viens. Les explications sont claires. Le fait que l’ensemble des informations soit traduit en arabe est optimal », admet Noura Alalwani, bénéficiaire de la protection internationale.
Toutes les données sont en effet transcrites en six langues : anglais, arabe, russe, tigrinya (Erythrée), dari (Afghanistan) et pachto (Iran). Quatre versions linguistiques sont également disponibles en audio. « Lors des rendez-vous d’accompagnement, les travailleurs sociaux peuvent activer l’oral afin de s’assurer que la personne a bien compris, explique Nour Allazkani, chef de projet et cofondateur de l’application. C’est un outil supplémentaire car de nombreux réfugiés ne savent ni lire ni écrire. » Juriste et formateur sur l’accès aux droits des réfugiés, Houssam Kokach ajoute : « Les BPI jouissent de droits spécifiques et les professionnels, pourtant en première ligne, sont mal informés. Sur les sites officiels du gouvernement, le contenu est confondu avec le droit des étrangers. »
Des usagers plus autonomes
La plateforme téléphonique permet aussi de gagner du temps. « En termes de dispositifs, chacun a ses sources. Tout comme les personnes réfugiées, les travailleurs sociaux sont perdus. Avec le turn-over des salariés des associations, chaque nouvel arrivant doit élaborer sa propre carte des structures et des partenaires locaux vers lesquels orienter les personnes », explique le chef de projet.
Pour assurer la fiabilité des renseignements, l’application est développée de façon collaborative. Les porteurs de dispositifs intègrent directement les contenus intéressants pour les BPI. Ensuite, l’équipe éditoriale de la Diair les vérifie avant de les mettre en ligne. Autre intérêt : rendre les usagers plus autonomes. Pour faire face à la surcharge de travail, les professionnels effectuent souvent les démarches à la place des bénéficiaires. « Cela génère de la culpabilité. Ils répondent à un besoin ou à une obligation administrative sans permettre à leurs interlocuteurs de les comprendre dans leur globalité, affirme Nour Allazkani. Grâce aux fiches intégrées à son smartphone ou à la messagerie instantanée, le BPI peut anticiper les rendez-vous et devenir acteur de son intégration. » Les créateurs misent sur l’aspect formateur de l’application. Dorénavant, les usagers peuvent eux-mêmes envisager des formations ou des emplois spécifiques et demander conseil aux travailleurs sociaux. « Tout en les rassurant, c’est un gage de motivation », constate Houssam Kokach. Pour cette année, 900 000 € ont été alloués au projet.
