Portage de repas, auxiliaires de vie, infirmières, aides ménagères… Les personnes âgées bénéficiant d’un service d’aide et d’accompagnement à domicile (Saad) voient défiler beaucoup d’intervenants. Le cahier de liaison s’avère donc indispensable pour offrir une continuité de prise en charge. Or « près de 90 % des structures ne sont pas passées au numérique », déplore Isabelle Chassagnon, directrice de l’agence Senior Compagnie de Tours. Depuis avril dernier, elle s’est abonnée à la plateforme Sipad. Créée par des professionnels de l’aide à domicile, cette entreprise commercialise depuis le début 2020 le dossier social partagé « Sipad ». Un outil développé en collaboration avec des médecins, des travailleurs sociaux, des auxiliaires de vie, des infirmiers, des formateurs… et sous le regard des usagers (personnes âgées et/ou en situation de handicap, proches aidants).
« Notre solution numérique permet aux professionnels des Saad de partager les informations, de tracer leurs interventions et de monitorer l’état général de la personne accompagnée, en y associant tous les acteurs environnants (pharmaciens, aides médico-psychologiques, hospitalisation à domicile, professionnels paramédicaux, services de portage de repas ou de téléassistance, etc.) ainsi que les proches aidants, si le bénéficiaire l’autorise », explique Caroline Faure, cofondatrice de Sipad et ancienne assistante sociale en milieu hospitalier. « J’ai rapidement été séduite, assure Isabelle Chassagnon. C’est très simple d’utilisation. Ce qui auparavant nécessitait de nombreux appels téléphoniques, des mails multiples, le tout entre deux interventions, se réalise désormais en deux clics, un émoticône et trois mots. »
Ajuster les interventions
Les professionnels surveillent huit indicateurs : l’appétit, l’autonomie, la cohérence, la douleur, l’hydratation, le moral, la sérénité et le sommeil. Une fois les informations recueillies et analysées, le dossier social partagé doit permettre d’alerter les différents acteurs d’un éventuel problème et d’ajuster leurs futures interventions pour que la personne reste le plus longtemps possible chez elle. Prenons l’exemple de madame X, qui commence à décliner, avec des difficultés à s’endormir, un manque d’appétit, une légère perte de mémoire. Ou de monsieur Y, qui peine à entrer dans sa baignoire et pour lequel il devient nécessaire d’adapter son logement en installant une douche. Une fois les symptômes repérés, les professionnels peuvent réévaluer la situation avant que la problématique ne devienne trop lourde.
Gratuit pour la personne âgée, l’abonnement au service diffère selon la taille du Saad : de 80 à 2 000 € par mois. A ce jour, il a déjà séduit une cinquantaine de structures sur l’ensemble du territoire. « Le dossier social partagé est très valorisant pour les professionnels, estime Isabelle Chassagnon. Il y a une traçabilité de leurs actions, une visibilité de leur travail et une prise en considération de leurs retours et commentaires. Ce qui crée un cercle vertueux car ils remontent davantage d’informations et, in fine, cela offre un accompagnement de meilleure qualité à la personne âgée. »
