« Permettre à l’enfant d’exprimer ses émotions », l’aider « dans ses difficultés pour s’apaiser », « repérer » et « valoriser » ses compétences. Voilà le programme de la nouvelle « Petite Cabane » qui s’apprête à ouvrir dans les quartiers est de Nantes. Installée dans un local voisin de nombreuses crèches et écoles maternelles, cette structure va accueillir pendant six mois, une demi-journée par semaine, une dizaine d’enfants dont les comportements – agitation, inhibition, retard de langage – alertent familles et enseignants. Une équipe de trois professionnels – éducateur spécialisé, psychomotricien et psychologue – sera chargée d’apporter un premier éclairage sur leurs troubles éventuels. « Nous ne sommes pas un espace de diagnostic, précise le chef de service du Sessad Itep, Antoine Guineheux, responsable du projet. Si des besoins émergent, nous allons aider les parents en les orientant vers un dispositif plus à même de le réaliser. »
L’association Arria, qui accompagne des personnes avec des difficultés d’ordre psychologique, intellectuel ou liées à l’autisme, signe là son second projet de « Petite Cabane ». L’organisation avait déjà créé un lieu similaire en 2016 à Orvault, commune limitrophe de Nantes, qui commençait à compter « une liste d’attente très conséquente ». Car l’originalité de l’initiative réside dans la possibilité, grâce à l’autorisation de l’agence régionale de santé, et au partenariat avec les mairies, de proposer un appui local aux familles sans qu’il ne leur soit nécessaire d’obtenir une décision préalable de la maison départementale des personnes handicapées. Une première étape pour ces parents, parfois réticents à se lancer dans des démarches auprès de structures plus spécialisées telles les centres d’action médico-sociale précoce (Camsp) ou médico-psycho-pédagogiques (CMPP). « Derrière La Petite Cabane, l’idée est d’offrir ces prestations au plus près du domicile des parents et leur éviter les grosses institutions », indique Antoine Guineheux.
Accompagnement précoce
Un suivi d’autant plus nécessaire que ces familles font souvent face à de longs délais d’attente pour monter leurs dossiers et obtenir des places. Tout en restant démunies au cours de cette attente. « Les enfants arrivaient tardivement, entre 8 et 10 ans, constate le responsable. Pourtant les parents disaient avoir repéré des difficultés psychologiques chez eux dès les premières socialisations. Plus nous intervenons tôt, plus les chances sont élevées pour que les troubles de l’enfant s’amoindrissent et qu’ils puissent poursuivre une scolarité normale. »
Joseph, qui rencontrait des problèmes récurrents en situation de groupe, a bénéficié d’un suivi, en grande section. La structure a soutenu ses parents afin de normaliser leurs relations avec l’école. « Cela nous a soulagés d’avoir un médiateur entre l’école et nous, déclare sa mère. L’équipe nous a aidés, ainsi que la maîtresse, à mieux connaître notre fils. » Selon Antoine Guineheux, il s’agit là d’une des clés du dispositif, soulignant un esprit de travail en complémentarité. A l’issue des six mois, Joseph n’a pas eu besoin d’un projet de soin spécifique. Contrairement à certaines familles qui ont été accompagnées pour bénéficier d’un accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH). « Pendant six mois, nous faisons de la pédagogie auprès des parents pour soutenir leur capacité à prendre des décisions adaptées pour leur enfant », conclut Antoine Guineheux.