« À mon arrivée dans le Loir-et-Cher pour prendre mon poste à l’Ehpad de Bracieux, il y a deux ans et demi, j’ai rapidement constaté un manque de personnel, raconte Pierre Gouabault, directeur de trois Ehpad dans le département. Je me suis alors adressé à Pôle emploi, sans résultat. J’ai pris conscience des différents freins : le recours au temps partiel, des propositions de contrats très courts, l’absence d’accompagnement, de formation à la prise de poste… Il a donc fallu trouver une solution. » Ce sera « Mon emploi près de chez moi ». En avril 2019, quinze Ehpad publics autonomes du département, en partenariat avec Pôle emploi et le service d’intermédiation Job 41, ont imaginé cet outil qui vise à réinsérer des demandeurs d’emploi de longue durée comme agents de soins dans des établissements proches de chez eux.
Le dispositif comporte quatre étapes. Dans un premier temps, une journée portes ouvertes permet aux personnes sans emploi et aux allocataires du RSA du territoire d’échanger avec les professionnels et d’avoir une première idée du métier. Ensuite, celles qui sont intéressées se voient offrir une période de mise en situation en milieu professionnel. Pendant cette immersion de quinze jours, elles sont encadrées par les aides-soignants. « Ces deux semaines permettent de faire un nouvel écrémage, explique Pierre Gouabault. Mais les stagiaires ne sont pas là seulement pour observer. Ils assistent le professionnel dans son travail. » Ensuite, ils suivent une formation au métier d’agents de soins qui se découpe en 232 heures de cours théorique et 70 heures de stage pratiques en établissement, avec poursuite du tutorat. A la fin de cette séquence, après évaluation, les candidats obtiennent ou non un certificat de compétences d’agent de soins. Mais surtout ces nouveaux agents décrochent un contrat d’au moins six mois dans l’un des Ehpad partenaires du projet.
Dix candidats sur douze diplômés
Lors de la première session, début mars 2020, douze personnes sont entrées en formation avec des profils très divers : un ancien boucher, un ancien technicien informatique, une jeune femme en échec scolaire qui n’avait jamais travaillé, une ancienne opératrice de centre d’appels… Parmi eux, Elodie, 22 ans, sans diplôme, qui vivait de petits boulots. « J’ai appris mon métier en plein cœur de la crise. Ce qui ne m’a pas fait fuir. En effet, j’estime que c’est à ce moment-là que les personnes âgées ont le plus besoin de nous. » Et de vanter les mérites de ce dispositif : « Cette formation est très complète. En plus de la pratique, nous avons eu quelques cours sur l’approche de la vieillesse, de la mort… Nous sommes préparés à cela. On nous a expliqué tous les signes qui peuvent indiquer qu’un résident se dégrade. On apprend les fausses routes, l’alimentation, leurs besoins, leurs apports énergétiques quotidiens. C’est un métier prenant, qui demande de l’énergie. »
Dix des douze candidats ont obtenu leur diplôme en juillet dernier. Une deuxième session s’est terminée en novembre et une troisième débutera en mars 2021. L’objectif consiste à former au total 48 demandeurs d’emploi sur le territoire.