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Numérique : la formation, un enjeu stratégique

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Young people smiling, sitting at table and using computer in  light office.

Photo d'illustration.

Crédit photo Мария Кокулина - stock.adobe.com
Si le e-learning est déjà mis en place par nombre d’établissements d’enseignement à destination des travailleurs sociaux, la formation de ces futurs professionnels à l’accompagnement de leurs publics vers une autonomie dans l’usage du numérique peine à se frayer un chemin. Mais quelques instituts ouvrent la voie…

 

Impossible, désormais, de faire valoir tous ses droits sans recourir à un outil numérique. Et, parmi les personnes accompagnées par les travailleurs sociaux, nombreuses sont celles qui rencontrent des difficultés d’accès matériel ou de compréhension… Alexandre Fontaine, 27 ans, en a récemment pris conscience lors d’un stage effectué dans une maison des solidarités pendant sa formation de moniteur-éducateur médiateur social numérique. « Au départ, je souhaitais suivre le cursus de moniteur-éducateur classique, mais cette formation m’a offert la possibilité de combiner mes deux centres d’intérêt, l’informatique et le travail social. » Le jeune homme compte parmi les premiers diplômés de ce parcours expérimental de deux ans lancé en 2018 par l’institut régional du travail social (IRTS) Paca-Corse. Il se dit satisfait d’y avoir « appris à apprendre aux autres l’usage du numérique ». Fort, déjà, des connaissances techniques nécessaires, il a été surpris de découvrir que ces usages de l’outil méritaient qu’il prenne du recul sur leurs avantages et inconvénients.

 

Une émergence timide

Accompagnement à la citoyenneté numérique, conseiller médiateur numérique, modules intégrés à l’ensemble des formations pour traiter de cet accès aux droits… Quelle qu’en soit la dénomination, cet apprentissage traduit l’émergence, encore timide, des enseignements visant à permettre aux travailleurs sociaux de former leurs publics à l’utilisation de l’outil informatique pour faire valoir leurs droits ou pour se protéger de risques. En particulier, pour les plus jeunes, celui du cyberharcèlement. L’importance de l’enjeu semble faire son chemin au sein des équipes pédagogiques. Mais si quelques établissements ont, parfois depuis quatre ou cinq ans, structuré leur offre en conséquence, bien plus nombreux sont ceux qui tâtonnent encore ou proposent des sensibilisations à minima – comme cet IRTS qui avoue dispenser « un minimodule de six heures ».

Loin, donc, du choix opéré par l’IRTS Paca-Corse, qui ouvre cette année ses portes à une deuxième promotion d’étudiants en formation de moniteurs-éducateurs enrichie de l’accompagnement au numérique. L’expérimentation est menée avec le soutien du conseil régional et celui du département des Bouches-du-Rhône. Elle répond, selon Hélène Bagnit, responsable de centre d’activité, « à un besoin exprimé par les travailleurs sociaux. Ils doivent accompagner des publics pour lesquels l’accès aux droits devient problématique du fait de l’utilisation du numérique, et sont aussi tenus de réorganiser leurs pratiques. »

Aux côtés de cette formation particulière, depuis deux à trois ans, l’établissement intègre des modules de formation à la médiation numérique dans différents cours : « Nous souhaitons outiller l’ensemble des travailleurs sociaux à la réflexion autour de l’usage du numérique », souligne Hélène Bagnit. Au risque de faire de la médiation numérique l’essentiel du programme ? « Les étudiants tiennent à cette identité de travailleur social. Cette compétence nouvelle vient enrichir leur boîte à outils. Cela ne les transforme pas en médiateurs numériques. »

Une stratégie réfléchie et globale préside aussi à l’introduction de la médiation numérique au sein des enseignements à l’IRTS des Hauts-de-France. Le constat de départ ? « Bien sûr, les jeunes ont une meilleure aisance sur ces outils. Mais tout ne va pas de soi », décrypte Yann Regard, directeur des études. Aussi, pour structurer son offre, l’équipe est-elle partie des quatre dimensions modifiées, selon elle, par le numérique. D’abord, celle de l’information, où vient s’ancrer la double volonté de former les personnes accompagnées à la recherche de l’information et à se montrer vigilantes. Puis celle du temps. Les travailleurs sociaux sont invités à soutenir leurs publics dans l’appropriation d’applications qui peuvent leur en faire gagner, en particulier dans la gestion de leurs déplacements. Troisième domaine modifié par le recours au numérique, le lien aux autres peut conduire les professionnels à gérer des demandes comme l’aide à l’inscription sur un site de rencontres d’une personne vivant dans un foyer. Une situation vécue par Yann Regard, lorsqu’il accompagnait des jeunes en institution. Enfin, au cœur de cet enjeu de la médiation numérique, les liens avec l’administration. L’IRTS entend former les professionnels aux aspects techniques autant que déontologiques, juridiques, etc.

 

Combiner distanciel et présentiel

Concrètement, cela se traduit par la mise en place d’un module socle pour l’ensemble des formations. Et par des compléments adaptés aux cycles suivis par les futurs professionnels, comme des cours sur le surendettement à destination des assistants sociaux ou relatifs à l’aide à l’inscription sur les réseaux sociaux pour les éducateurs spécialisés. Les modalités d’enseignement sont elles-mêmes en partie numériques, mais comprennent aussi une « remédiation en présentiel au travers d’une classe inversée », explique Yann Regard. Autrement dit, une fois les contenus appréhendés par les élèves, ils sont amenés à les questionner ensemble, en cours. Et les discussions peuvent se poursuivre au travers de travaux sur un forum.

A Bourg-en-Bresse, l’ADEA a choisi, pour sa part, de diplômer d’un titre de niveau 5 de conseiller médiateur numérique des étudiants en apprentissage ou en contrat de professionnalisation. A l’issue de leur parcours, les professionnels pourront aider des publics à gagner en autonomie avec les pratiques, les usages, les services et les technologies numériques.

Ensemble, l’IRTS Parmentier, Initiatives, l’Ecole normale sociale (ENS) et l’Institut de ressources en intervention sociale (Iris) proposent désormais une certification de qualification inscrite au répertoire spécifique de France Compétence. Son objet : l’accompagnement à la citoyenneté numérique. L’enseignement est dispensé sur 20 jours et 140 heures. Les publics qui ont le plus manifesté leur intérêt travaillent dans le secteur de la prévention spécialisée. Mais la directrice générale de l'Iris, Nathalie Gey, s’étonne de souvent entendre encore des employeurs espérer des formations de « deux jours clé en main, loin du nécessaire travail d’approfondissement que cela représente ». Protection des données et des personnes sur Internet, usage des réseaux sociaux, questions de santé… Cette formation continue s’articule autour des volets juridique, administratif et santé. Un produit qui semble répondre, selon Nathalie Gey, aux besoins des travailleurs sociaux. Mais elle ne cache pas les difficultés rencontrées dans son lancement et pour les candidats à obtenir les financements de leur cursus. Le signe que la prise de conscience du lien dé­sormais inextricable entre accompagnement social et numérique demeure moins fine chez les employeurs que parmi leurs intervenants de terrain et les centres de formation.

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