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Singapour enfin à l’écoute des femmes ?

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singapore - February 3, 2020: skyline of singapore at the marina bay with iconic building such as supertree, marina bay sands, artscience museum.

Photo d'illustration de Singapour.

Crédit photo Richie Chan - stock.adobe.com
Dans le sillage du travail accompli par des ONG locales, le gouvernement de la cité-Etat autoritaire a lancé la rédaction d’un « livre blanc » censé créer une feuille de route vers l’égalité des sexes.

Réputée autant pour sa gestion politique autoritaire que pour son dynamisme économique, la cité-Etat d’Asie du Sud-Est Singapour s’attaque enfin aux inégalités hommes-femmes. Au moins dans le verbe. Le 20 septembre dernier, le ministre de l’Intérieur, Kasiviswanathan Shanmugam, a lancé officiellement une initiative intitulée « Conversations sur le développement des femmes » et censée aboutir à un livre blanc, avant la mise en place de réformes législatives. Une petite révolution, dans un pays de 6 millions d’habitants marqué par une lourde tradition patriarcale, et qui doit beaucoup au travail associatif d’organisations non gouvernementales (ONG) comme Aware(Association of Women for Action and Research) (1), la principale organisation de défense des droits des femmes à Singapour.

Depuis sa création en 1985, l’association mène tant bien que mal de nombreuses recherches et études sur le harcèlement sexuel sur les lieux de travail, la pauvreté et les écarts de richesses entre hommes et femmes, ou d’observations sur le respect par Singapour des normes antidiscrimination établies par les Nations unies. Et compte tenu de la gestion quasi militaire des relations entre le gouvernement et la société civile, Aware n’a d’autre choix que de mener son combat féministe dans le cadre d’un dialogue national. Doté de lois très strictes en matière de comportement et de contrôle social, le pays dispose en plus d’un maillage policier assuré essentiellement par des agents en civil. Son taux de criminalité demeure l’un des plus bas du monde, rendant les statistiques des violences faites aux femmes encore plus visibles.

Dans ce contexte, l’explosion des violences conjugales pendant le confinement a agi comme un détonateur. Du 7 avril au 6 mai derniers, 476 plaintes ont été déposées auprès de la police pour des infractions associées à la cellule familiale, soit une augmentation de 22 % par rapport à la moyenne mensuelle. Des faits comprenant les blessures, le recours à la force, les voies de fait, l’intimidation et la séquestration. Et c’est vers Aware que la police de Singapour oriente la majeure partie des appels au secours, afin que les victimes profitent de conseils, d’un soutien juridique et d’un accès à des « groupes d’entraide et d’amitié ».

Aux violences conjugales s’ajoutent les inégalités sociales. Selon les statistiques du ministère du Travail, les femmes gagnent en moyenne 6 % de moins que les hommes occupant le même emploi dans un secteur, une tranche d’âge et un niveau de diplôme équivalents. « Il y a eu plus de cas de stress sur le front familial, car les femmes travaillent davantage à domicile. Elles sont également susceptibles d’être licenciées du jour au lendemain, en particulier celles qui travaillent dans les petites et moyennes entreprises », explique Junie Foo, présidente du Singapore Council of Women’s Organisation (SCWO).

 

L’explosion des violences conjugales pendant le confinement

Au terme de l’initiative gouvernementale, Aware attend, entre autres, que soit instauré le droit statutaire de demander des modalités de travail flexibles et que les congés payés pris pour venir en aide aux personnes âgées soient rendus obligatoires – des mesures censées bénéficier en premier lieu aux femmes.

A Singapour, l’évolution de la législation est d’autant plus attendue que les initiatives mises en place par les entreprises contre le sexisme et les pratiques discriminatoires (via des canaux de signalement), même si elles ont contribué à libérer la parole, n’ont pas été suffisantes pour faire évoluer significativement les mentalités. « Le gouvernement devrait promulguer une loi sur l’égalité sur le lieu de travail qui interdise la discrimination, définisse clairement les responsabilités des employeurs et prévoie des recours pour les travailleurs victimes de discrimination », estime Shailey Hingorani, responsable de la recherche juridique au sein d’Aware Singapore.

… et d’ailleurs

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