Comme tous les acteurs de la protection de l’enfance, les assistants familiaux étaient en attente d’une ligne de conduite nationale à tenir en période de confinement. Rédigée par les services du secrétariat en charge du secteur, cette note de consignes a pour ambition de répondre aux questions que se posent les professionnels qui accueillent à leur domicile familial des enfants protégés.
Publiée le 24 mars, la note indique que l’assistant familial doit continuer à accueillir le ou les jeunes qui lui sont confiés pendant toute la durée de l’épidémie. Une consigne valable quels que soient l’état (malade ou pas) et la situation (fugue, retour de séjour à l’extérieur) du protégé. De plus, si, dans les structures collectives telles que les maisons d’enfants à caractère social (Mecs), les droits de visite et d’hébergement des parents sont suspendus, la consigne pour les assistants familiaux est plus floue. Ces droits peuvent être suspendus pour privilégier des échanges téléphoniques afin d’éviter la propagation du virus, mais ils peuvent également être maintenus, à condition que l’ensemble des mesures d’hygiène en vigueur et les gestes-barrières soient rappelés aux parents et à l’enfant lors des passages de relais.
« Les assistants familiaux exposent leur propre famille »
Ces consignes sont jugées irréalistes par l’Association nationale des assistants maternels, assistants et accueillants familiaux (Anamaaf). Sa présidente, Marie-Noëlle Petitgas, ne cache pas sa colère : « Les assistants familiaux exposent leur propre famille au Covid-19 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ces consignes viennent accentuer notre inquiétude parce que l’on tolère des choses que l’on n’accepterait pas ailleurs. Ces consignes ne sont pas adaptées à l’accueil familial. Nous sommes sacrifiés au service de l’Etat. »
L'association alerte également sur les risques d’embrasement dans les familles d’accueil, à l’image de ce qui peut se passer dans les Mecs, l’effet Cocotte-minute est également à craindre : « Il y a des jeunes qui vont très mal vivre le confinement, car le fait de vivre en lien serré avec d’autres personnes ne permet pas d’évacuer le stress et d’éviter certaines réactions. »
Et cela, sans compter la lourdeur des fonctions d'instituteur, de psychologue, de soignant qui se sont ajoutées depuis la fermeture des établissements : … « Nous n’avons plus aucun temps de répit, les enfants nous sollicitent en continu », commente Marie-Noëlle Petitgas. Le risque de burn-out est évoqué du côté des professionnels, qui dénoncent le fait qu’aucun service n’est accessible le soir ou le week-end, moments propices aux crises.
Les assistants familiaux doutent que l’invitation adressée aux départements de mettre en place des astreintes téléphoniques durant ces périodes soit suivie sur l’ensemble du territoire. Pour l’Anamaaf, cette note de consignes ne fait que confirmer le manque de connaissance des autorités quant au quotidien des assistants familiaux.