La première campagne de vaccination contre le Covid-19 doit débuter dimanche en France dans « deux ou trois » établissements pour personnes âgées (pour le moment, un en Ile-de-France et un autre en Bourgogne-Franche-Comté) et concernera « quelques dizaines de résidents », a annoncé mardi le ministre de la Santé, Olivier Véran, invité du 20 heures de TF1. Pour mener à bien cette campagne, les différents acteurs du secteur (agences régionales de santé, fédérations du secteur du grand âge, fédérations hospitalières, représentants des professionnels de santé et des associations de patients) ont reçu, mardi soir, le guide d’organisation de la vaccination en Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et en USLD (unité de soins de longue durée). Il s’agit d’un document de 45 pages contenant toutes les informations nécessaires à la bonne pratique de cette vaccination.
Selon ce guide, en amont de tout acte, les structures doivent respecter un certain nombre de conditions. Il leur est ainsi demandé de « créer une instance de pilotage de la vaccination contre la Covid-19 au sein de l’établissement (directeur, médecin coordonnateur, médecin référent covid, cadre de santé ou Idec, coordonnateur administratif) ». Les établissements doivent aussi « informer les résidents, les professionnels et les proches aidants et familles des critères d’accès à la vaccination (…) et des principes et des grandes étapes à venir ». « En particulier, il est possible d'encourager les résidents qui le souhaitent à désigner une personne de confiance pour les accompagner lors de la consultation prévaccinale et participer au recueil du consentement », est-il ajouté. Car la principale difficulté de cette première phase de vaccination est l’obtention du consentement des résidents, majoritairement atteints de troubles cognitifs, ou de leur famille.
Le délicat recueil du consentement
Concrètement, ce recueil de consentement se fait d’abord auprès de la personne âgée quand elle est apte à donner un consentement libre et éclairé. Si ce n’est pas le cas, les professionnels se tournent alors vers le tuteur-curateur légal, s’il y en a un. Ce qui est très rarement le cas en Ehpad. A défaut, ils interrogent la personne de confiance (telle que désignée par la loi ASV de 2015), voire la famille dans le cas où il n’y a pas de personne de confiance. Il est précisé dans le guide que « le recueil du consentement de la personne s’effectue dans le cadre du droit et des règles habituelles, connues et pratiquées par les médecins en vertu du code de la santé publique et du code de déontologie : délivrance d’une information loyale, claire et appropriée ; respect du consentement libre et éclairé de la personne ». Sans cela, aucune vaccination ne sera possible. Il est ajouté qu’il est « indispensable d’assurer la traçabilité du recueil de consentement » (qu’il soit oral ou écrit). Pour cela, « l’ensemble de la procédure (consultation prévaccinale, consentement, vaccination, suivi) doit être inscrit dans le dossier médical du résident et retracé dans le système d’information de suivi de la vaccination » créé à cet effet.
Une fois ce consentement obtenu, qui vaccinera ? Le médecin généraliste, le médecin coordonnateur de l’Ehpad ou un infirmier sous le contrôle d’un médecin. Mais les résidents ne sont pas les seuls à être concernés par cette première phase de vaccination. Les personnels sont aussi prioritaires. Et le guide précise que ce sont en premier lieu ceux âgés de 65 ans ou plus et/ou à comorbidités, « qu’ils soient professionnels de santé (médicaux, paramédicaux), sociaux, administratifs ou des services généraux » et qu’il s’agisse aussi bien « des personnels employés en continu par l’établissement lui-même que des personnels employés par un prestataire et exerçant en continu dans l’établissement ».
Enfin, ce guide contient une foire aux questions afin de répondre aux interrogations que les résidents ou leurs familles pourraient se poser : « Le résident peut-il être accompagné d’un tiers lors de la consultation prévaccinale ? », « Si le résident refuse la vaccination, sera-t-il traité différemment par les professionnels de l’établissement ? », ou encore « Comment la venue du tiers est-elle organisée dans les Ehpad dans le contexte de crise sanitaire ? » A noter que ce guide « sera actualisé autant que nécessaire. En particulier, des supports complémentaires sur le vaccin Pfizer-BioNTech à destination des résidents, familles et professionnels seront transmis à la fin de la semaine du 21/12/2020, dans la foulée de la publication de l’avis de la HAS précité ». De quoi étendre massivement la campagne de vaccination au début du mois de janvier.