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Perte d’autonomie : l’Igas propose d’en finir avec le « virage domiciliaire »

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Nurse helping senior woman to stand

Tout en émettant des réserves sur le « virage domiciliaire », le rapport de l’Igas préconise une stratégie de « renforcement du soutien à domicile » passant notamment par une revalorisation des financements des services à la personne.

Crédit photo Rawpixel.com - stock.adobe.com
Abandonner le « virage domiciliaire » de l’accompagnement du vieillissement et lui préférer un « renforcement du soutien à domicile », c’est ce que préconise l’Igas dans un rapport sur les lieux de vie des personnes en perte d’autonomie. Une ambition qui passe, entre autres, par la création de 100 000 places de logements en autonomie d’ici 2030.

La multiplication des rapports sur le vieillissement de la population française et l’insuffisance des moyens déployés pour y faire face ont de quoi donner des sueurs froides au gouvernement. Après le Parlement, qui vient de voter une loi sur le bien vieillir qui, de l’aveu même de ses conceptrices, ne suffira pas à satisfaire les besoins à venir si l’Etat n’y adjoint pas les moyens financiers nécessaires, et le Cese (Conseil économique, social et environnemental), qui dans la foulée a rendu un avis appelant à une nouvelle politique de l’autonomie dont le coût se chiffre en dizaines de milliards d’euros, c’est au tour de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) de tirer la sonnette d’alarme.

>>> Lire aussi : La proposition de loi « bien vieillir » est « susceptible de rassembler une large majorité »
 

Les écueils au maintien à domicile

Le constat est toujours le même : face à un vieillissement de la population qui va crescendo (le nombre de personnes âgées en situation de perte d’autonomie devrait atteindre les 4 millions à l’horizon 2050), les moyens existant ne sont pas à la hauteur. Si le « tout-Ehpad » n’est manifestement pas la solution face à la réticence des seniors à quitter leur domicile et aux coûts qu’une telle politique entraînerait pour la collectivité, le rapport de l’Igas pointe tout de même du doigt la faiblesse des alternatives actuellement déployées. Notamment du maintien à domicile qui semble plébiscité par les pouvoirs publics. Une solution séduisante sur le papier, mais qui se heurte à une triple réalité.

  • Primo, la faible appétence pour les métiers de l’aide et du soin à domicile qui risque de limiter le nombre de professionnels disponibles.
  • Deuxio, l’éloignement géographique des familles qui va amoindrir le recours aux aidants familiaux.
  • Tertio, le coût pour les finances publiques que représente le maintien à domicile alors qu’en parallèle l’offre de « domiciles alternatifs » – en résidences ou logements inclusifs – demeure encore mal calibrée par rapport aux besoins réels des populations âgées.

>>> Lire aussi : Grand âge : les chiffres clefs pour réussir le virage domiciliaire
 

100 000 logements supplémentaires en résidence autonomie d’ici 2030

En clair, le « virage domiciliaire » engagé depuis la loi d’adaptation de la société au vieillissement du 28 décembre 2015 a des chances de s’achever en voie de garage. Le rapport de l’Igas préfère lui substituer une stratégie de « renforcement du soutien à domicile », passant notamment par une revalorisation des financements des services à la personne et, possiblement, des plafonds du montant des aides accessibles aux seniors privilégiant cette solution.

>>> Sur le même sujet : La Fnadepa veut ancrer les résidences autonomie dans le paysage médico-social

Cette politique, toutefois, ne saurait se suffire à elle-même sans augmenter, en parallèle, le nombre de places disponibles en résidences autonomie. Et à en croire les inspecteurs, les besoins sont particulièrement élevés : 100 000 logements supplémentaires « adossés autant que possible à des Ehpad » seraient, selon les prévisions, amenés à sortir de terre d’ici 2030. En repensant au passage le modèle économique – aujourd’hui fragile – de ces logements adaptés, au travers, par exemple, d’une refonte de l’aide à la vie partagée pour leurs résidents.

Tenir compte de la perte progressive d’autonomie

Selon les auteurs du rapport, la multiplication de ces places de résidences doit cependant tenir compte de la perte d’autonomie progressive de leurs habitants au fur et à mesure de leur avancée en âge. Une situation qui les pousse à recommander l’adossement obligatoire de ces logements adaptés à la présence d’un service d’aide à domicile (SAD) intégré – comprenant notamment un volet infirmier – et même d’un conventionnement avec une équipe d’hospitalisation à domicile (HAD) en cas de besoin.

>>> Lire aussi : Proposition de loi « bien vieillir » : adoption définitive par le Sénat

En parallèle, l’Igas appelle à un programme national de « renforcement domiciliaire » des Ehpad afin d’offrir aux résidents une autonomie renforcée et un sentiment de « chez soi ». En ouvrant des plages horaires plus étendues pour les visites familiales ou en se montrant plus souple sur les conditions de décoration des espaces personnels de leurs occupants, voire, comme le permet d’ores et déjà la loi « bien vieillir », en autorisant les animaux de compagnie dans les établissements.

Schéma national du logement

Cette politique souhaitée passe aussi par la mise en place d’un « tableau de bord national » de l’habitat senior qui permettrait de gérer au mieux les files d’attente en fonction du volume de logements disponibles, et passerait par une fusion des différents schémas territoriaux de programmation de l’offre qui réuniraient sous le même toit les services départementaux et ceux des agences régionales de santé (ARS). Et qui s’accompagnerait également d’une politique de prévention plus musclée afin de réduire tant que faire se peut la perte d’autonomie des personnes. A condition, là encore, que les financements soient au rendez-vous.

>>> Consulter le rapport « Lieux de vie et accompagnement des personnes âgées en perte d'autonomie: les défis de la politique domiciliaire » de l'Igas   

 

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