Appelée de leurs voeux par de nombreuses associations, la PCH Parentalité est censée renforcer l'inclusion et soutenir les familles concernées par le handicap. En collaboration avec la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie (CNSA), l'Odas (Observatoire national de l’action sociale) a mené une enquête approfondie auprès des départements, des bénéficiaires et des professionnels pour évaluer son efficacité depuis sa mise en oeuvre en 2021.
Un non-recours difficile à évaluer
Il est difficile d’évaluer précisément le nombre de parents qui auraient besoin de la PCH Parentalité, car « la seule source fiable », selon l'Odas, est celle des bénéficiaires de l’Allocation aux adultes handicapés (AAH), un groupe qui ne correspond pas directement à celui des bénéficiaires de la PCH. « Le nombre de parents en situation de handicap dépasse largement 57.000, estime l'observatoire. Ce chiffre correspondant aux bénéficiaires de l’AAH avec un taux d’incapacité de 80 % ou plus. Toutefois, tous ces parents ne nécessitent pas forcément une aide spécifique à la parentalité, selon la nature de leur handicap ».
Une mise en oeuvre inégale
Trois ans après son entrée en vigueur, le forfait parentalité bénéficie à environ 5 000 parents dans toute la France. Cependant, l’étude révèle des difficultés d’accès à l’information : « seulement 55 % des bénéficiaires ont découvert le dispositif grâce aux Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH).» Malgré les efforts de communication, la prestation reste peu connue et largement sous-utilisée, notamment par les professionnels du secteur médico-social et les services de Protection Maternelle et Infantile (PMI). Les paiements du forfait parentalité ont commencé à des dates différentes selon les départements, certains optant pour un traitement manuel des demandes pour contourner les contraintes informatiques.
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Pénurie de professionnels
Si la majorité des bénéficiaires (91%) se déclarent satisfaits de l'impact positif du forfait parentalité sur leur quotidien. certains parents se heurtent à des limites, notamment la difficulté d’accès aux services adéquats et la complexité administrative. « De nombreux parents doivent souvent "bricoler" des solutions pour s'en sortir, comme trouver des aides ponctuelles ou faire appel à des proches », explique l’ODAS citant le cas de parents en situation de handicap. « Une mère faisait appel à une TISF pour l’aider avec la cuisine, les courses et le ménage. Cependant, elle a dû renoncer car il n’y a plus de professionnel disponible dans sa région, la contraignant à engager une aide-ménagère, malgré le coût élevé. Une autre mère raconte avoir passer une annonce sur Leboncoin pour trouver une aide qualifiée (BEP service à la personne) après avoir eu des difficultés à trouver un professionnel certifié pour s'occuper de son bébé. »
Un soutien encore inadapté aux besoins
Autre donnée de l’ODAS : « Le forfait parentalité ne prend pas en compte les besoins individuels des bénéficiaires, contrairement à l’aide humaine de la PCH, qui repose sur une évaluation spécifique des besoins ». Le montant forfaitaire est souvent jugé insuffisant, notamment pour les parents ayant des handicaps lourds ou spécifiques. L'exclusion des besoins ménagers des critères d'éligibilité est également incomprise par les parents. Ainsi que l'âge, limité au 7 ans de l’enfant, « alors que le besoin de soutien parental est tout aussi nécessaire, particulièrement dans l'aide aux devoirs ».
Des évolutions attendues
Le rapport donne également la parole à des professionnels qui expriment leurs inquiétudes vis à vis du manque de visibilité quant à l’utilisation des sommes allouées, notamment lorsque les bénéficiaires cumulent le forfait parentalité et d’autres aides (ex. handicaps sensoriels).
l'Odas propose de renforcer la coopération entre les acteurs départementaux, les associations et les services d’aide à domicile, ce qui permettrait une diversification des aides et une véritable collaboration interservices. « Le forfait parentalité s’inscrit dans une politique publique alliant le soutien au handicap et le soutien à la parentalité, deux logiques d'intervention qui doivent encore être harmonisées », rappelle l'Odas. Il s'agit de former les professionnels pour mieux intégrer les besoins spécifiques des parents handicapés et faciliter le repérage précoce des futurs parents, notamment via les maternités, les PMI et les centres hospitaliers.
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>>> Le rapport complet de l'ODAS à retrouver ici