« On se gargarise avec l’autodétermination, mais c’est un mot creux, expliquait Marcel Nuss aux ASH en décembre 2022. Nous ne sommes pas formés à la culture de l’autonomie, sinon à continuer la culture de l’assistanat. » Colère froide de celui qui n’a pas vu aboutir le combat de sa vie : celui du droit pour les personnes en situation de handicap à bénéficier d’un accompagnement sexuel.
Fondateur de l’Association pour la promotion de l’accompagnement sexuel (Appas) et quelques années plus tôt du Collectif handicaps et sexualités – composé d’APF France handicap, de l’AFM-Téléthon et de la coordination handicap et autonomie – mais aussi essayiste, romancier, conférencier ou encore consultant, cet inlassable héraut de la vie intime et affective pour tous est décédé le 13 février.
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« C’était un militant hors norme et un homme particulièrement attachant, a tenu à exprimer Pascale Ribes, présidente d’APF France handicap. Il était convaincu du rôle incontournable des associations dans les débats politiques pour faire bouger les lignes. » APF et Marcel Nuss ont longtemps cheminé ensemble, notamment à travers la création de CH(s)OSE, toujours dans la perspective de faire émerger des services d’accompagnement sexuel. Au regard de la loi, ces derniers restent à ce jour assimilés à de la prostitution.
En dépit d’une amyotrophie spinale qui le maintenait dans une immobilité totale, Marcel Nuss prenait la parole sans relâche pour sortir les personnes en situation de handicap d’un paradigme victimisant et validiste. Il a notamment écrit les essais Je veux faire l’amour. Handicap, sexualité, liberté (éd. Autrement, 2012), Dialogue sur le handicap et l’altérité. Ressemblances dans la différence (coécrit avec Pierre Ancet, éd. Dunod, 2012) ou la biographie En dépit du bon sens. Autobiographie d’un têtard à tuba (éd. de l’Eveil, 2015).
