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« Les pouvoirs publics ne comprennent pas ce que vivent actuellement les structures du domicile »

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Hugues Vidor, président de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire, se montre particulièrement critique envers le gouvernement à propos de la crise que traverse l'aide à domicile.

Crédit photo UDES
La crise d’attractivité sans précédent que traverse le secteur de l’aide à domicile, combinée au vieillissement de la population française, constitue un cocktail explosif pour demain. Pourtant, « le gouvernement est atone », dénonce Hugues Vidor, président de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes).

ASH : Quelle est la situation de l'aide à domicile ?

Hugues Vidor : La crise est grave. A tel point que, dans certains départements, nous comptabilisons près de 15 % de structures en liquidation ou en redressement. Si le gouvernement ne fait rien, nous ne tiendrons pas. Les raisons sont multiples. Tout d’abord, une inflation de plus de 12 % en deux ans avec des répercussions sur le coût de l'énergie, des déplacements, des matières premières, etc. Ensuite, une sortie de crise Covid mal négociée : certaines structures n’ont pas encore retrouvé un volume d’activités suffisant. C’est d’autant plus problématique que beaucoup d’entre elles ont souscrit un PGE (prêt garanti par l'Etat) qu’elles doivent rembourser. Enfin, la tension sur l’emploi est particulièrement vive. Il manque 25 000 professionnels dans l'aide et le soin à domicile. En raison de ce manque de personnel, une intervention sur cinq ne peut être pleinement satisfaite. C'est catastrophique.

Que répond le gouvernement ?

L'ensemble des acteurs du domicile (associatif et commercial) ont rencontré, en juillet, le cabinet de la Première ministre. Nous lui avons demandé 400 millions d'euros, elle en a débloqué 100, à partager avec les Ehpad. La réponse est donc largement insuffisante.

Il y a un double souci. D'un côté, les pouvoirs publics estiment ne pas avoir suffisamment de lisibilité sur la situation rencontrée par les acteurs. C’est difficilement entendable quand on sait que les départements, la DGCS (Direction générale de la cohésion sociale) et la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie) sont en relation régulière avec les représentants du secteur. De l’autre, il y a une sorte de zone grise sur la façon dont les départements appliquent ou non les agréments négociés nationalement. Par exemple, les Yvelines et les Hauts-de-Seine n’appliquent toujours pas l’avenant 43. C'est un vrai sujet de fond, de cohérence des politiques publiques.

Malheureusement pour le secteur, ces constats sont tirés depuis des mois, voire des années. Pourtant, aucune mesure du PLFSS 2024 ne concerne le domicile. N’êtes-vous pas trop « gentils » avec le gouvernement ?

Une nouvelle ministre (Aurore Bergé, ndlr) vient d'arriver, laissons-lui le temps de s'installer. Nous sommes respectueux des institutions. Elle a indiqué qu'elle allait dévoiler sa feuille de route pour le grand âge d'ici fin novembre (le 17 normalement, ndlr). Nous allons être extrêmement attentifs à ses déclarations.

Toutefois, je vous accorde que la situation est assez paradoxale. D'autant plus que, lorsqu’on étudie le PLFSS 2024, on s'aperçoit qu'il est excédentaire de 1,5 milliard d'euros. Cet argent n’est pas affecté au handicap, au domicile ou aux gestionnaires d’Ehpad mais sert, entre autres, à rembourser le déficit de la sécurité sociale. Cela montre bien que les pouvoirs publics ne comprennent pas ce que vivent actuellement les structures du domicile. Le gouvernement est atone. Il manque d’anticipation et de vision alors que c’est aujourd’hui qu’il faut agir pour que les acteurs du domicile soient au rendez-vous de demain. Il faut une révolution de l'offre. On ne peut pas continuer à considérer les personnes âgées en situation de perte d'autonomie comme des citoyens de seconde zone.

Lors de la conférence sociale, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, a rappelé le cadre : il faut faire des économies. Les deux secteurs dans lesquels l'Etat est prêt à investir sont la sécurité et la transition écologique. Or on ne peut pas mettre de côté la question des politiques sociales. C'est impossible !

Mais la question du financement n'en est plus une si on considère qu'à partir du 1er janvier 2024, une fraction des recettes de la CSG sera dévolue à la 5e branche, soit 2,5 milliards d'euros...

Effectivement. Mais à ce jour, le gouvernement ne garantit pas que cette somme sera réellement affectée au secteur. Alors même que c’est prévu par la loi. Nous n'avons aucune confirmation et c’est bien dommageable. Cela interroge sur la façon dont on traite les personnes âgées et/ou en situation de handicap dans notre pays aujourd'hui…

 

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