Un mea culpa très attendu. Près de deux semaines après ses propos polémiques concernant le caractère « perturbateur » de certains élèves en situation de handicap, la ministre de l'Education nationale Nicole Belloubet a avoué avoir fait preuve de « maladresse ». Interrogée le 9 mai sur les ondes de Franceinfo, elle a déclaré : « Je présente très simplement mes excuses aux familles qui ont été blessées par ces propos. C'est d'autant plus maladroit qu'une de mes préoccupations premières dans notre école actuelle, c'est vraiment de mettre en place ce que l'on appelle "l'école pour tous", qui accueille tous les élèves, absolument tous les élèves », a-t-elle ajouté.
Propos stigmatisant
Le 22 avril dernier, dans l'émission télévisée du matin « Les 4 Vérités » (France 2), à la question « C'est quoi, un élève perturbateur ? » posée par le journaliste après les annonces de Gabriel Attal sur l'autorité dont il faut faire preuve face à la délinquance des jeunes, la ministre avait ainsi répondu : « Un élève peut être perturbateur parce qu'il est en difficulté physique ou parce qu'il a un handicap. » Avant d'évoquer aussi les élèves en conflit familial.
Une déclaration qui a choqué. « Non, un élève en situation de handicap n'est pas, par définition, un élève perturbateur», lui avait alors répondu Arnaud de Broca, président du Collectif Handicaps (qui rassemble 54 associations nationales).
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« Votre propos stigmatisant et discriminant marque une profonde méconnaissance des handicaps et un mépris pour des années de lutte en faveur d’une école pour toutes et tous. Ces amalgames ne font que consolider les discours décomplexés de certains syndicats, ouvertement anti-école inclusive », accusaient les associations dans un courrier adressé à Nicole Belloubet, le 29 avril. Elles lui rappellaient également qu'un AESH (accompagnant d'élèves en situation de handicap) « n’est pas une solution pour élève perturbateur, mais bien un professionnel qui accompagne le parcours de scolarisation d’un enfant selon ses besoins ».
AESH supplémentaires
Lors de sa « séance d'excuses», Nicole Belloubet a également voulu montrer son ambition en la matière: « Nous faisons évidemment un effort considérable, parce que c'est notre devoir, pour accueillir les élèves qui sont porteurs de handicap», assurant notamment avoir « augmenté considérablement le nombre d'accompagnants», en passant « de 80 000 à 140 000 personnes». La ministre l'assure, « à la rentrée 2024, nous allons recruter 3 000 AESH supplémentaires».
Dans la perspective du comité interministériel du handicap sur l'école inclusive, prévu mi-mai, le collectif handicaps a réaffirmé que « le droit à l’éducation, quel que soit le lieu d’apprentissage, est un droit fondamental, garanti dans l’article 24 de la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées, que l’Etat français bafoue quotidiennement ». Raison pour laquelle ce dernier a été condamné en avril 2023 par le Conseil de l'Europe.