ASH : Pourquoi avoir écrit au président du conseil départemental ?
Mohamed Azgag : L’Union départementale des CCAS regroupe une centaine d’établissements, avec à leur tête des personnalités aux sensibilités politiques différentes. Cette lettre commune se veut un signal fort. Elle permet d’attirer l’attention du département sur la situation de nos aînés : leur prise en charge est alarmante aussi bien à domicile qu’en établissement. Notre capacité d’accueil est défaillante dans les Ehpad publics, avec, en moyenne, sept demandes pour une place. De plus, dans ces structures, le taux d’absentéisme est en moyenne de 16 %, ce qui oblige à recourir à un intérim très onéreux pour les établissements et les collectivités. Certains Ehpad sont pratiquement en cessation de paiement. Ces problématiques financières impactent nécessairement la qualité de vie et la sécurité des personnes âgées. Le département doit donc trouver des solutions immédiates.
Que préconisez-vous dans ce sens ?
Après l’envoi de notre courrier, j’ai rencontré David Lappartient, le président du département. Je lui ai fait savoir que des mesures financières devaient être prises d'ici la fin de l'année. En premier lieu, il convient d’accélérer le versement de la majoration de 3 € de l'heure liée à la dotation complémentaire « qualité » versée par le département dans le cadre des CPOM (contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens). Cela permettrait de travailler sur des actions en lien avec la mobilité, la prévention, l’attractivité. Le département doit aussi compenser la hausse du point d’indice et l’augmentation du Smic, et réfléchir à un tarif différencié selon le niveau de dépendance de la personne âgée. Globalement, ce premier contact a été plutôt positif. J’ai senti que le président était conscient de la situation et ouvert à la discussion. L'idée est de rechercher ensemble un modèle économique solide et soutenable.
Ce sont des mesures conjoncturelles alors que la crise est structurelle…
Au-delà de ces premières mesures financières d'urgence, nous avons une réflexion à plus long terme. Il faut dans un premier temps retravailler l'attractivité des métiers car malgré les revalorisations salariales, nous manquons encore de professionnels. Ainsi, nous demandons le lancement d’une campagne départementale de promotion des métiers des services à la personne. Nous devons aussi restructurer l’offre. L’idée n’est pas nécessairement de créer des places supplémentaires mais de mieux coordonner les acteurs et de mettre en œuvre une logique de parcours. C’est pourquoi nous demandons au département d’amplifier les aides à l’investissement pour les futurs projets (plateforme gérontologique, regroupement de services, centres de ressources territoriaux…). Le vieillissement de la population du Morbihan est tel que, à horizon 2030, nous aurons 400 000 personnes âgées supplémentaires. Il y a urgence.