La sexualité des personnes en situation de handicap est un sujet sensible. Celle de l’assistance sexuelle l’est encore plus. Le débat vient d’être relancé, lundi 6 février, par le Comité national consultatif des personnes handicapées (CNCPH). Lors de la conférence « Quelle vie intime, affective et sexuelle pour les personnes handicapées ? », le CNCPH a présenté 13 propositions prenant en considération la parole des personnes concernées, des proches et des professionnels.
Une formation minimum de 140 heures
L’une d’elles consiste à expérimenter, pendant deux ans, l’assistance sexuelle dans un minimum de deux régions. Financée par l’Assurance maladie et/ou la prestation de compensation du handicap (PCH), cette autorisation doit se faire « à titre dérogatoire pour que le ou la bénéficiaire du service, le gestionnaire, les professionnels et l’assistant.e sexuel.le bénéficient d’une protection juridique ». Le CNCPH recommande de proposer cette prestation à toute personne « empêchée » ou « contrainte », qu’elle soit en établissement ou à domicile, en couple ou seule.
Le CNCPH préconise aussi que les assistants sexuels suivent une formation initiale de 140 heures minimum. Sans venir nécessairement du monde sanitaire et social, ils « doivent témoigner d’un équilibre satisfaisant dans leur vie affective et sexuelle, qu’ils soient mariés ou non et quelles que soient leurs orientations sexuelles ». Le CNCPH précise que « l’activité d’assistant sexuel ne doit pas s’exercer à plein temps ou être l’unique source de rémunération de l’assistant ou de l’assistante qui a un emploi par ailleurs ».
« Une opportunité politique majeure »
Une telle expérimentation représente, selon l’association Ch(s)ose qui milite de longue date pour la création de services d'accompagnement sexuel, « une opportunité politique majeure ». « Par son cadre éthique et la qualité proposée en matière de formation, elle pourrait enfin démontrer la faisabilité de ces services et les bénéfices pour les personnes en situation de handicap, les assistant.e.s sexuel.le.s et plus largement leur entourage », estime l’association.
Saisi sur ce sujet par Sophie Cluzel, alors secrétaire d’Etat en charge des personnes handicapées, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) avait réitéré son attachement au cadre légal actuel relatif à la prostitution et aux principes éthiques qui en découlent, renvoyant les politiques à leur responsabilité. Dès lors, l’association Ch(s)ose espère que la proposition du CNCPH sera « enfin reprise et mise en œuvre par les pouvoirs publics lors de la Conférence Nationale du Handicap qui devrait avoir lieu au printemps ».
>>>> Le communiqué de presse de l’association Ch(s)ose