En France, en raison de l’arrivée aux âges élevés de la génération baby-boom, le vieillissement de la population s’accélère ces dernières années. La part des personnes de plus de 60 ans dans la population est passée de 22,8 % en 2010 à 26,9 % en 2020. Un allongement de la vie qui entraîne souvent une perte d’autonomie. Ainsi, la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) estime que le pays comptera 350 000 bénéficiaires supplémentaires de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) d’ici à 2040, soit une hausse de 29 % par rapport à 2020.
« Face à ces dynamiques, se pose la question des besoins d’accompagnement dont ces personnes âgées nécessiteront et du financement public à provisionner pour la prise en charge de la perte d’autonomie », explique l’Institut des politiques publiques dans une note publiée lundi 20 novembre. Cette étude propose plusieurs scénarios d’évolution des dépenses publiques de prise en charge de la perte d’autonomie et estime les effectifs d’aides professionnelles nécessaires à l’accompagnement des personnes âgées d’ici à 2040, dans trois différents lieux de vie (Ehpad, domicile, résidence autonomie).
En voici les principaux résultats :
- Face aux prévisions d’évolution du nombre de personnes âgées dépendantes et dans l’optique d’un « virage domiciliaire », les effectifs d’aides professionnelles nécessaires à la prise en charge de la perte d’autonomie à domicile et en Ehpad devraient augmenter respectivement de 42 % et de 14 % d’ici à 2040 par rapport à 2020.
- Cette hausse se répartit de la sorte : 40 800 ETP (équivalents temps plein) supplémentaires d’aides à domicile en Saad, 43 700 ETP en plus d’infirmières libérales, 49 900 places supplémentaires en Ssiad, 3 800 places de plus en HAD (hospitalisation à domicile) et de 61 100 professionnels ETP en plus dans les Ehpad.
- Si aucune politique publique pour accompagner le virage domiciliaire n’est mise en place et que la situation reste inchangée en termes de prise en charge, c’est-à-dire en supposant que les plafonds d’APA à domicile et les coûts de l’aide à domicile et en Ehpad restent constants, les dépenses d’APA atteindraient 7,7 milliards d’euros en 2040, soit une augmentation de 30 % (en euros réels).
- Cette dépense d’APA se décomposerait de la sorte : 2,8 milliards d’euros (en hausse de 15 %) pour les Ehpad, 4,9 milliards d’euros pour le domicile (4,6 milliards en ménage ordinaire et 0,3 milliard en résidence autonomie, soit une hausse de 41 %).
- En établissement, la dépense annuelle d’APA par bénéficiaire augmenterait de 300 € entre 2020 et 2040, tandis qu’en résidence autonomie elle diminuerait de 200 € et resterait stable à 4 500 € par an en ménage ordinaire.
- « Mais le “virage domiciliaire” signifie que vivront à domicile des personnes aux besoins plus importants qu’aujourd’hui : il nécessitera des revalorisations des salaires pour permettre le recrutement de professionnels », explique la note. En intégrant ces changements, la dépense d’APA augmenterait entre 2020 et 2040 de 4,8 milliards d’euros, soit 80 %, pour atteindre 10,7 milliards d’euros, dont 3,4 milliards d’euros pour les Ehpad et 7,3 milliards d’euros pour le domicile.
- La dépense annuelle par bénéficiaire serait alors estimée à 6 300 € en 2040 contre 4 500 € en 2020, soit une hausse de 40 %. « Une augmentation élevée mais moindre que celle observée par le passé », soulignent les auteurs du rapport.
- Au total, un écart de 4,6 milliards d’euros est observé à horizon 2040 entre un scénario sans mesure d’accompagnement du virage domiciliaire et un autre où le virage est accompagné d’une hausse des salaires dans l’aide à domicile et en Ehpad, et une augmentation de la part de la participation publique dans les dépenses de prise en charge.
>>> Lire la note de l'Institut des politiques publiques