Particulièrement touchés par l’inflation, de nombreux Ehpad, résidences services seniors et structures d’aide à domicile ne parviennent plus à faire face à leurs charges de fonctionnement. Tel est le message adressé, à l’occasion de trois conférences de presse, mercredi 4 octobre, par le Synerpa (Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées), la FHF (Fédération hospitalière de France) et la Fnadepa (Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées).
Un an après une première mobilisation, la Fnadepa indique que « les établissements et services pour personnes âgées sont au bord du précipice ». Manque criant de ressources humaines, difficultés financières majeures liées à l'inflation, insuffisances des financements destinés aux mesures salariales... Les chiffres issus de l'enquête menée auprès de ses 1 500 adhérents parlent d'eux-mêmes :
- 92,3 % des établissements et services estime être déficitaire (en moyenne de 101 727 euros), soit une hausse de 27,5 points par rapport à 2022.
- 78 % des établissements et services manquent de personnel – en légère amélioration, puisqu’ils étaient 89 % en octobre 2022.
- 68,7 % des services à domicile ne peuvent pas honorer intégralement les plans d’aide APA (allocation personnalisée d’autonomie).
- 18,6 % des Ehpad et résidences autonomie ont été contraints de fermer des lits,
Selon la FHF, « trois enjeux majeurs attendent le secteur médico-social : redresser leur situation budgétaire, atteindre l’objectif de recrutement de 50 000 personnels d’ici 2027 et transformer le secteur notamment en matière de gouvernance et de financement ». Là encore, la fédération, après enquête auprès des établissements publics, montre que le secteur souffre :
- le taux d’occupation 2023 des Ehpad évolue de + 0,27%, à un peu plus de 93% mais reste inférieur à celui de 2019. « A court terme, cette situation traduit néanmoins une baisse de ressources qui menace l’équilibre budgétaire des Ehpad (bâti, pour rappel, sur des taux d’occupation supérieurs à 95 %) », estime la FHF.
- 77,5% des structures enregistrent un résultat déficitaire pour l’exercice 2022 (contre 42 % en 2019), marquant une nette aggravation avec un déficit prévisionnel, toutes sections confondues, qui dépasse les 2 000 euros par place et un déficit 2022 cumulé pour les Ehpad publics d’environ 500 millions d’euros.
- 35% des établissements ont différé le paiement de certaines charges pour soulager leur trésorerie.
Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité́ sociale pour 2024 va prochainement être examiné par les députés, les organisations sont unanimes sur la nécessité de prendre des mesures pour « sauver le secteur du grand âge ». « L’augmentation des financements est devenue indispensable et urgente pour sauver le secteur et répondre à un vieillissement démographique sans précédent. D’ici 2030, les Ehpad, les résidences services seniors et les services d’aide à domicile vont devoir recruter 350 000 personnes, soit cent fois plus que ce que le PLFSS a réellement financé en 2023 », estime par exemple Jean-Christophe Amarantinis, président du Synerpa. La Fnadepa appelle, elle, a « un Plan Marshall » du recrutement : 100 000 créations de postes sur cinq ans. « Cela représentera à terme cinq professionnels de plus par établissement et service à domicile », assure la fédération.
Enfin, bien qu’elles saluent la fusion des sections soins et dépendance en Ehpad, les fédérations attendent plus du budget à venir. La hausse de 4,6% de l'objectif national de dépenses de l'assurance maladie (Ondam) pour le volet personnes âgées est ainsi jugée « insuffisante ». La FHF demande un relèvement complémentaire de 216 M€ pour 2023 et de 700 M€ pour 2024.
>>> Lire le communiqué de la Fnadepa
>>> Lire le communiqué du Synerpa
>>> Lire le communiqué de la FHF