Les répercussions des révélations du livre Les fossoyeurs, sur les graves défaillances et les maltraitances dans les établissements du groupe de maisons de retraite Orpea, n’en finissent plus. Le modèle des établissements privés lucratifs remis en cause par un certain nombre d’acteurs l'est aussi au gouvernement. Auditionnée mercredi 9 mars par la commission des affaires sociales de l’Assemblé nationale, Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l'autonomie, a été interrogée sur des éventuelles mesures conservatoires à prendre face à la marchandisation du secteur.
Si elle a d’abord indiqué qu’aucune mesure définitive ne serait adoptée avant la remise du rapport de l’inspection générale des finances, prévue pour la mi-mars, la ministre a précisé avoir « récemment demandé aux directeurs généraux des ARS [agences régionales de santé] de bloquer toutes les autorisations demandées ».
« On ne pouvait pas continuer comme ça »
« Ce n’est pas un moratoire, a précisé Brigitte Bourguignon. On ne pouvait pas continuer comme ça alors même que l’on est en train mettre les choses à plat et que l’on demande plus de visibilité. J’ai donc demandé que l’on me fasse remonter toutes les récentes demandes pour vérifier dans quelles conditions le public s’en allait trop vers le privé (ce qui est trop souvent le cas) et vers quels groupes. »
Dans les conclusions de leur mission flash, publiées le 9 mars, trois députés préconisent d’engager une réflexion approfondie sur « l’opportunité de suspendre la délivrance de nouvelles autorisations à des Ehpad commerciaux, au moins tant que toutes les leçons de la crise actuelle n’auront pas été tirées ». Ils recommandent, plus globalement, de réfléchir à la pertinence du modèle des établissements commerciaux dans la prise en charge des personnes âgées.