L’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP), en partenariat avec le think-tank « Matières grises » a élaboré une étude pour imaginer le « domicile du futur ». Un document né d’un paradoxe : alors que le vieillissement de la population et l’aspiration à se maintenir chez soi font du virage domiciliaire le point clé de la politique de la dépendance, la France a pris beaucoup de retard en matière d’adaptation des logements. Une étude de la DREES (2020) révélait que seuls 7% des moins de 80 ans vivant à domicile, et 21 % des 80 ans et plus, avaient effectué au moins un aménagement d’adaptation de leur logement.
Des chiffres très bas, lorsqu’on sait que 25% des plus de 60 ans déclarent rencontrer des difficultés pour se baisser, s’agenouiller, monter ou descendre l’escalier… Et ce n’est pas la création de Ma Prime Adapt, entrée en vigueur début 2024, qui bouscule fondamentalement le dogme de de l’Ehpad. La France compte aujourd’hui un des taux d’institutionnalisation les plus élevés d’Europe avec 21% des personnes âgées de 85 ans et plus vivant en établissement.
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L’Anap a ainsi voulu se pencher sur une question fondamentale, tant éthiquement que pragmatiquement : comment vieillir chez soi ? Un enjeu qui touche aussi bien à l’autodétermination qu’aux inégalités sociales ou à la notion d’inclusion. Cette étude souligne certains chiffres éclairants tels que les 2 millions d’aînés isolés (2021), les 3,6 autres millions exclus du numérique, le million de personnes âgées de plus de 60 ans qui se retrouvent sans médecin traitant ou encore les plus de 9 millions de proches aidants. On prévoit d’ailleurs le recrutement et la formation de 350 000 aides-soignants et accompagnants éducatifs et sociaux d’ici 2025.
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Voici quelques-unes des pistes pensées par l’Anap pour « vieillir "chez soi" ou comment penser une politique globale du domicile » :
- Aménager et adapter le domicile du futur en utilisant notamment le « design thinking ». Cette notion permet de définir une expérience idéale, à la croisée de « ce qui est désirable » pour les personnes dépendantes et « ce qui est viable économiquement » par le porteur de projet.
- Renforcer le rôle de l’ergothérapeute : prescription d’aides techniques, meilleure coordination avec le monde du bâtiment…
- Intégrer du matériel évolutif dans son logement avant d’être en situation de perte d’autonomie : éclairage automatique dans le couloir, visiophone, paillasson plat etc…
- Faire du domicile un lieu connecté : parcours lumineux pour se rendre aux toilettes en pleine nuit, lampe intelligente qui alerte en cas de chute etc…
- Associer les bailleurs sociaux à l’adaptation des logements des seniors dans le parc social : formation des gardiens d’immeubles, partenariats avec des service d’aide et d’accompagnement à domicile (saad) etc…
>>> Retrouvez ici l’intégralité de l’étude.