L’auto-confinement des personnes âgées et vulnérables comme remède au Covid-19 ? C’est, en tout cas, ce que préconisent cinq membres du Conseil scientifique, dont son président, Jean-François Delfraissy. Le 18 février dernier, dans la revue scientifique The Lancet, ces derniers ont publié un texte dans lequel ils jugent qu'il ne faut plus enchaîner les confinements pour combattre la pandémie mais opter pour un système où les plus âgés et fragiles accepteraient de s'auto-isoler. Ils plaident, entre autres, pour une « nouvelle approche » basée sur « un contrat social clair et transparent » entre les générations.
En réponse à cet article, le Conseil national professionnel de gériatrie (CNPG)* a publié, mercredi 24 février, une tribune intitulée « Non à un auto-confinement sur le seul critère de l’âge – Oui pour un contrat social global et transgénérationnel ».
« Nous ne gagnerons pas la guerre uniquement en appliquant un auto-confinement des personnes âgées. Ce n'est pas la solution », certifie Claude Jeandel, président du CNPG. Et d’ajouter : « Si l’âge est bien un facteur de risque, ce n’est pas le seul ». Dans sa tribune, le CNPG met en avant l’obésité (qui touche 17% de la population adulte), l’hypertension artérielle (environ 30% de la population) ou encore les personnes atteintes de cancer (400 000 nouveaux cas par an en France). « Si bien que les situations de vulnérabilités exposent en France environ 15 millions de personnes à des formes graves » du covid, précise le texte. En résumé pour Claude Jeandel, « L’auto-confinement, l’auto-protection doit s’appliquer à tous, résume. C’est cela le contrat social transgénérationnel ».
D’autant que, comme l’assure Pierre-Marie Coquet, président du syndicat CSMF des médecins coordonnateurs en Ehpad (SMCG-CSMF), « les aînés, comme le reste de la population, n’en peuvent plus. Ils sont prudents, mettent des masques, respectent les gestes barrières... En réalité, ils sont confinés ou auto-confinés depuis un an ». Et ce dernier de rappeler que, pendant les fêtes de fin d’année, une souplesse dans les visites et les sorties en Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) avait été accordée. Résultat ? « Il n'y a pas eu de big bang des hospitalisations en janvier comme on aurait pu le craindre. Donc plutôt qu'un auto-confinement, il faut de l'auto-prudence ».
A la place d’un auto-confinement, le CNPG préfère promouvoir 13 actions dont le rappel des mesures barrières, le bon port du masque, des politiques de tests groupés dans les lieux de fréquentation élevées (gares, lieux de travail, commerce, etc.) et l’accélération de la couverture vaccinale des personnes à risque. Car, selon Claude Jeandel, dans cette guerre « l'arme parfaite reste la vaccination ».
*Le CNPG fédère les huit composantes nationales de la gériatrie française : le Collège National des Enseignants de Gériatrie (CNEG), la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG), le Syndicat National de Gérontologie Clinique (SNGC), l’Association des Jeunes Gériatres (AJG), l’Association Nationale des Médecins Coordonnateurs et du secteur médico-social (MCOOR), la Fédération française des Associations de Médecins Coordonnateurs d’EHPAD (FFAMCO), le Syndicat CSMF des médecins coordonnateurs en EHPAD (SMCG-CSMF) et l’Association Nationale des Gériatres et Gérontologues Libéraux (ANGGEL).