« Politique du grand âge : cap ou pas cap ? » Tel est le thème du Géronforum, le rendez-vous annuel de la Fnaqpa (Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées), qui se déroule les 15 et 16 juin à Avignon. L’occasion de débattre de sujets aussi variés que l’éventualité d’une loi « grand âge », de la qualité de vie en établissement, du contrôle des dépenses ou encore des politiques de transformation de l'offre et des métiers. En ouverture de ce congrès, Didier Sapy, directeur général de la Fnaqpa, s’est montré très critique envers les pouvoirs publics.
« L'an dernier, à la même époque, j'expliquais qu'il était grand temps de faire des choix importants sur la qualité de vie, la transformation systémique et domiciliaire du secteur. J’indiquais qu’il fallait arrêter la procrastination et la démagogie pour passer à l'action et à la simplification, a-t-il rappelé. A l'époque, j'étais rempli d'espoir car il y avait un tout nouveau gouvernement avec un ministre qui connaissait bien le secteur et ses problématiques en étant ancien directeur général de la Croix-Rouge. »
« La réponse des pouvoirs publics n'est pas à la hauteur »
« Nous étions au bord du gouffre, nous avons fait un grand pas en avant », ironise-t-il pour parler de la situation actuelle. « Cela fait plus de trente ans que je travaille dans le secteur, je n'ai jamais connu une situation aussi compliquée, pour les établissements comme pour les services », assure Didier Sapy. Et ce alors malgré la mise en place du Ségur de la santé et du bouclier tarifaire énergie. « Deux actes politiques très forts », reconnaît-il, mais « mal mis en œuvre, sous-financés et mal vendus. A tel point qu’ils en ont perdu tous leurs bénéfices politiques ».
S’il admet que le gouvernement n’est pas inactif, il déplore que les nouvelles concertations et autres rapports n’aient pas de vision à long terme. « Depuis un an, la réponse des pouvoirs publics n'est pas à la hauteur, assène-t-il. Nous n’avons eu que de la procrastination, de la normalisation supplémentaire et de la démagogie. »
« Des charlots, voire des escrocs »
Et de donner un exemple de démagogie « dans toute sa splendeur » : le renforcement des contrôles annoncé après l'affaire Orpea. « Lancée une telle campagne revient à dire que tous les établissements sont présumés coupables », estime Didier Sapy qui ne décolère pas : « On nous explique que pour fidéliser nos personnels, il faut de la reconnaissance et de la valorisation. Mais on a de cesse de nous expliquer que nous sommes des charlots, voire des escrocs ! »
Le directeur général de la Fnaqpa liste ensuite d’autres exemples qui, selon lui, relèvent de la démagogie : la proposition de loi parlementaire sur le « bien vieillir », les nouveaux indicateurs publics pour plus de transparence, les promesses de création de 50 000 postes supplémentaires d'ici 2030 (« dont on attend encore de savoir comment ils seront financés »). « Autant d'exemples de démagogie qui ne montrent qu'une chose : on parle de nos structures et de nos établissements sans savoir ce qu'il s'y passe à l'intérieur », conclut-il.