L'affaire est encore dans toutes les mémoires. Pourtant, un an après que l'Etat a renoncé à engager un recours contre la décision de la justice administrative lui ordonnant de trouver un établissement d'accueil adapté aux besoins d'Amélie Loquet, une jeune femme lourdement handicapée, "aucune mesure concrète n'a été prise par le gouvernement pour mettre fin à la situation dramatique de milliers de personnes handicapées sans solution", constate l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei), qui lui adresse "un dernier avertissement" avant d'intenter, si besoin, de nouvelles actions en justice.
En effet, une nouvelle procédure a certes été mise en place pour la gestion des situations critiques et une mission a bien été confiée au conseiller d'Etat Denis Piveteau, afin de formuler des préconisations "pour mettre fin à la situation de ces personnes handicapées qualifiées de 'sans solution'", rappelle l'organisation qui, "compte tenu de ces engagements", avait suspendu toutes ses actions en justice "concernant des personnes confrontées à des situations identiques à celle d'Amélie et de sa famille".
Mais aujourd'hui, "le bilan est édifiant", dénonce l'Unapei : il aura fallu "cinq mois pour qu'Amélie puisse trouver une place dans un établissement qui se situe à plus de 400 kilomètres de ses parents, les contraignant à déménager" et, en outre, "les cellules de gestion des situations critiques, lorsqu'elles sont effectivement mises en place dans les départements, ne sont pas en mesure de trouver une solution". Les dossiers transmis par l'Unapei au gouvernement à cet effet n'ont d'aillleurs pas tous trouvé de réponse "alors qu'il s'était engagé à les régler prioritairement", insiste l'association. Sans oublier les nombreux reportages, articles et ouvrages qui "ont mis en exergue le scandale de la politique du handicap en France conduisant notamment plus de 6 000 personnes handicapées à s'exiler en Belgique".
Or, cinq mois après la remise du rapport Piveteau qui proposait plus de 130 mesures en juin dernier, "qu'à fait le gouvernement ? Rien", s'insurge l'Unapei, aucune d'entre elles n'ayant reçu "ne serait-ce qu'un début de mise en oeuvre". En mai dernier, la présidente de l'Unapei, Christel Prado, avait d'ailleurs mis en garde la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, Ségolène Neuville, à la tribune du congrès de l'organisation, en vain. D'où cet "ultime avertissement au gouvernement afin qu'il prenne des mesures concrètes pour que cesse le calvaire des personnes handicapées et de leurs familles dont l'Etat bafoue les droits impunément".
A. S.
Autonomie
Affaire "Amélie" : l'Unapei lance un ultimatum au gouvernement sur les cas "sans solution"
Article réservé aux abonnés