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Violences dans les foyers de l’enfance de Charente-Maritime : les éducateurs appellent à l’aide 

Rassemblement du personnel du foyer de l'enfance de Puilboreau (47)

Rassemblement du personnel éducatif mardi 5 mars 2024 devant le foyer de l'enfance de Puilboreau (47).

Crédit photo ©Vincent Tranquard, secrétaire général USD CGT 17

Des éducateurs d'un foyer de l'enfance de Charente-Maritime font face à une montée des violences et lancent un cri d'alarme. Ils dénoncent des agressions physiques, psychologiques à leur encontre, entre les enfants, mais aussi des cas préoccupants d'agressions sexuelles et de viols entre les mineurs placés.

Dans une lettre ouverte adressée au préfet, les éducateurs du foyer de l’enfance, composé de deux Mecs (maisons d'enfants à caractère social) situées à Puilboreau et à Saintes, en Charente-Maritime, appellent « à l'aide ». Rassemblés ce mardi 5 mars 2024 devant le foyer, soutenus par la CGT et la CFDT, ils s'inquiètent de « la dégradation exponentielle de la qualité de prise en charge des enfants confiés ». Entre violences physiques et psychologiques subies au quotidien par le personnel éducatif, et les violences sexuelles entre les enfants confiés, « les professionnels n’en peuvent plus ! », alertent-ils.

Les deux syndicats demandent conjointement au préfet de prendre des mesures pour protéger « ces enfants victimes, quasi quotidiennement, de violences, et ce, dans un trop grand silence, malgré les écrits des éducateurs ».

102 mineurs sont actuellement accueillis dans ce foyer de l'enfance, administré par le conseil départemental, qui a dédié 78 millions d'euros à la protection de l'enfance en 2023, marquant une augmentation significative de 50 % sur trois ans.

Et pourtant, les représentants syndicaux dénoncent « un manque de moyens humains et des conditions d'accueil inadaptées » pour ces enfants présentant « des troubles de plus en plus en complexes, qu’ils soient psychiatriques, du comportement, ou encore des problématiques sexuelles ».

Les éducateurs décrivent ainsi des situations où les enfants plus jeunes se font agresser sexuellement, voire violer, par les plus âgés partageant le même dortoir, « ce, dans une certaine indifférence ».

« Sommes-nous réellement en protection de l’enfance ? », questionne le courrier de la CGT et la CFDT.

« Si vous n’intervenez pas Monsieur le Préfet, pour mettre un terme à cette gestion catastrophique grandissante depuis plusieurs mois, pour ces enfants et les agents chargés de les protéger, vous les priverez d’une partie de leur humanité, de leur intégrité et participerez à la potentielle transformation de ces victimes d’aujourd’hui en bourreaux de demain », préviennent les syndicats.

 

Le poids d'un tabou et la peur de représailles

Vincent Tranquard, secrétaire général de l’USD CGT 17, porte la voix de « ces éducateurs des foyers qui n’ont pas l'habitude de s’exprimer. La question des violences physiques, en particulier les agressions sexuelles entre les enfants, reste un tabou. Ces professionnels sont très investis dans leur métier et témoignent d’une importante loyauté vis-à-vis de leur institution. Ils craignent des représailles s’ils osent dénoncer cette situation dramatique. Mais aujourd’hui, ils ne supportent plus ce qu’il se passe. »

>>> Sur le même sujet, la réponse de Sylvie Marcilly, présidente du département :  « Il n’y a pas d’omerta »

Parmi les revendications figure « le besoin crucial de chambres individuelles, défend ce représentant syndical, plutôt que de dortoirs ». Les chambres individuelles offriraient ainsi un espace intime où les enfants pourront se sentir en sécurité et se reconstruire. « Il est impératif de mettre en place des moyens financiers nécessaires pour transformer ces foyers en véritables sanctuaires, où les enfants peuvent guérir dans les meilleures conditions possibles », poursuit Vincent Tranquard.

Il identifie par ailleurs « un véritable problème structurel avec un turn-over important qui ne permet pas de stabiliser l’équipe, et donc la structure. Les éducateurs qualifiés partent en raison d’un sentiment d’impuissance, puis d’épuisement ». Le manque de personnel pour encadrer les enfants, comme le recrutement de personnels non qualifiés, peuvent aussi poser problème « Car malgré une volonté de bien faire, ceux-ci ne disposent pas de l’expertise nécessaire pour gérer la violence et les situations à risque. »

Le secrétaire général de la CGT Unité Santé 17 rappelle que « ces enfants placés, pour la plupart dans le cadre d'un placement judiciaire, sont déjà traumatisés. La protection de l'enfance doit jouer son rôle protecteur, réparateur, et non pas les exposer à de nouveaux dangers. »

Violences sexuelles entre mineurs placés, des faits isolés ? Le 12 février 2024, Ouest France révélait également l'ouverture d'une enquête pour suspicions de viols entre mineurs placés au foyer de l'enfance de la Vendée.

 

>>> A lire aussi : La lettre ouverte au préfet

 

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