Outil d’information et de pédagogie pour les travailleurs sociaux, les étudiants et les chercheurs mais aussi le grand public, le portail « Enfants en Justice XIXe-XXe siècle » vient de subir une troisième refonte et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est particulièrement réussie.
Mis en place en 2010 dans la prolongation du Centre d’exposition « Enfance et Justice » de Savigny-sur-Orge (Essonne), créé sous l’égide de l’Ecole nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ), ce site vise à promouvoir l’histoire de la justice des mineurs sur le web. Sa nouvelle mouture a été présentée mercredi 5 juillet à l’Ecole supérieure de travail social (Etsup), partenaire du projet comme l’IRTS Parmentier, l’Ecole normale sociale ou le Conservatoire national d'archives de l'histoire de l'éducation spécialisée et de l'action sociale (Cnahes).
« Ce support de médiation numérique permet aux utilisateurs d’avoir facilement accès à des sources référencées sérieuses et d’éviter les fakenews », estime Mathias Gardet, historien, co-directeur du portail dans lequel on entre par thèmes puis sous-thèmes. Exemple, l’histoire de la rééducation des filles mène directement aux congrégations religieuses. Au programme, l'éducation surveillée, les lois, les témoignages de jeunes enfermés, les métiers, les écrits laissés par les professionnels... Archives iconographiques, écrites, coupures de presse, films vidéos, dessins, objets, bibliographies, liens externes… La richesse des documents est impressionnante et la visualisation constitue une autre porte d’entrée. Chaque image est commentée et renvoie à des pistes de réflexion. De quoi alimenter les sessions de formation des professionnels et les mémoires des étudiants.
L'importance d'une perspective historique
Autre atout : « Les thématiques sont toujours d’actualité. Les violences urbaines ne datent pas d’aujourd’hui mais le recul historique permet de voir que les réponses des politiques publiques sont toujours identiques, que les mêmes mots sont utilisés pour qualifier les jeunes, que la responsabilité des parents est toujours invoquée », souligne Véronique Blanchard, historienne et responsable du centre d’exposition « Enfant et justice ». Un webdoc, tiré de son livre « Mauvaises filles : incorrigibles et rebelles », est également disponible sur le site.
Cerise sur le gâteau : une rétrospective, « La justice fait son cinéma », est ouverte au Centre d’exposition de Savigny-sur-Orge, premier centre d’observation des mineurs considérés comme rebelles, délinquants ou errants entre 1945 et 1975, jusqu’au 30 décembre 2023. Elle relate l’histoire de la justice des enfants – corruptrice ou éducatrice – à travers les films et les documentaires du cinéma. A voir absolument.