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Violences sexuelles subies par les mineurs : le coût du déni

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Lundi 12 juin, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a rendu public un rapport estimant l'impact économique de ces maltraitances. Une étude inédite sur la nécessité de mieux protéger les enfants.

C’est l’histoire de cet homme qui a dû changer de travail parce que son patron portait le même parfum que son agresseur. Impossible de croiser son supérieur sans revivre en pensée le viol dont il avait été victime enfant. C'est aussi le parcours de cette femme qui ne comprenait pas pourquoi elle faisait un malaise à chaque déclenchement de sa chaudière. Jusqu’à ce qu’elle prenne conscience que ce déclic était identique à celui du générateur de ses parents, contre lequel son père la violait pour être sûr que sa mère était bien sous la douche.

Une odeur, un bruit, un son, une couleur. Autant de détails infimes qui suffisent pourtant à réveiller le traumatisme subi par les personnes victimes de violences sexuelles dans leur enfance. Ces conséquences sur le long terme, la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) a décidé de les chiffrer. Pas question pour l'instance publique de faire des traumatismes une affaire d’argent. Mais, « formulé ainsi, cela contribuera peut-être plus efficacement à mobiliser les institutions et le corps social », affirme l’organisme.

Des conséquences sur le long terme très coûteuses 

Selon les estimations du cabinet Psytel, à qui la commission a confié l’évaluation de l’impact économique de cette maltraitance, le coût sur le long terme s’élève à 6,7 milliards d’euros. Soit la plus grande part (69,2 %) du montant total du « déni massif dont les violences sexuelles font l’objet dans notre société depuis toujours », qui atteint au total 9,7 milliards d’euros chaque année en France. « Ce chiffre n’est pas avancé pour produire un effet de sidération, précise le groupement. Il doit être un levier pour renforcer les politiques publiques de protection des enfants et de lutte contre l’impunité des agresseurs. » Une estimation basse, puisque les indicateurs qui manquaient d’éléments chiffrés ont été évacués. « A partir d’une liste prédéfinie, des méthodes de calcul éprouvées et non contestées ont été utilisées », a insisté Edouard Durand, co-président de la Ciivise, au micro de France Inter le 12 juin.

Côté conséquences immédiates et ponctuelles, les contributions les plus significatives sont l’accompagnement des victimes (17,3 % du coût total), la mobilisation des forces de l’ordre (8,5 %), les dépenses de justice (4,6 %) et la prise en charge médicale immédiate (0,4 %). Concernant les incidences à long terme, la dégradation de la santé physique et mentale tout au long de la vie représente 32,7 % du coût total, suivie par l’amplification des conduites à risque (27 %) et la perte de productivité (8,7 %).

Un parcours de soin spécifique

Afin de réduire ces montants, la Ciivise a établi trois préconisations principales. D’abord, mieux prévenir le passage à l’acte : selon les propres termes de la commission, ce poste de dépense est à l’heure actuelle « trop minime » pour avoir même été pris en compte. Ensuite, modéliser un parcours de soins spécialisés du psychotraumatisme enduré par les victimes, effectué par des professionnels spécifiquement formés. L'instance indépendante recommande la mise en place et la prise en charge financière intégrale de 20 à 33 séances organisées selon quatre étapes principales : l’évaluation clinique, la stabilisation, les sessions centrées sur le trauma, et la consolidation. Ce suivi devra être réparti sur un an et renouvelable au besoin. Enfin, maintenir la Ciivise au-delà de la date initialement prévue de décembre 2023. Héritière des mouvements féministes et des associations de protection de l’enfance, l’instance « a créé un espace inédit répondant à un besoin qui reste et restera actuel ».

 

Protection de l'enfance

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