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Violences au foyer de l'enfance de Chartres : le ras-le-bol des éducateurs

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Grève FO Santé 28 jeudi 2 mai

Le personnel, à bout, demande plus de personnel, une prime de risque et plus de qualification de leur chef de service. Grève FO Santé 28 au CDEF de Chartres, jeudi 2 mai 2024

Crédit photo Didier Jardin

Le Centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF) de Chartres est, depuis plusieurs mois, secoué par un déferlement de violences de jeunes à l'encontre du personnel. La semaine dernière a marqué l’incident de trop : le lundi 29 avril, une agression au couteau d’un mineur sur un veilleur de nuit. Après une première journée de grève jeudi 1er mai, Force Ouvrière Santé 28 appelle à une grève illimitée le 15 mai, pour alerter sur l’insécurité qui règne dans le centre « tant que les choses ne changeront pas ».

Lundi 29 avril, peu avant minuit, un veilleur de nuit est face à un mineur pris en charge au centre départemental de l'enfance et de la famille de Chartres. L'adolescent cherche à fuguer. Le veilleur de nuit s’interpose, lui interdisant de sortir. Contrarié, l’adolescent remonte dans sa chambre et revient le menacer, armé d’un couteau. L’agent parvient à le maîtriser, puis à le désarmer, avant d’appeler la police qui interviendra aussitôt. « Nous sentions que ça pouvait dégénérer, nous alertions depuis longtemps, par courrier, par mail par téléphone. Nous demandions à doubler le personnel de nuit. On ne nous a pas entendu », déplore Didier Jardin, représentant du personnel au Centre départemental de l'enfance et de la famille à Champhol et secrétaire général au syndicat Force Ouvrière au Groupement départemental de la santé 28.

Depuis plusieurs mois, les incidents se multiplient au sein du centre, mettant en danger la sécurité du personnel et des autres jeunes résidents. Les agressions physiques et verbales se sont intensifiées, créant un climat de tension permanent au sein de l'établissement. Les veilleurs de nuit, chargés d'assurer la surveillance et la sécurité des lieux pendant la nuit, sont particulièrement visés, faisant face « à des situations d’une extrême violence ». « Une situation alarmante » pour Didier Jardin.

L'unité a une spécificité : elle accueille des jeunes qui, pour la plupart, ont un parcours de placement compliqué. « Ces jeunes ont fait imploser tous les autres lieux de placement par lesquels ils sont passés, explique Didier Jardin, et ce centre est le dernier recours. C’est soit nous, soit le centre éducatif fermé ».

Cet éducateur a constaté ces dernières années une escalade des violences : « les jeunes sont en grande souffrance. Ils ne nous respectent plus et sont en proie à diverses addictions. Les jeunes filles sont quant à elles victimes de réseaux de prostitution ».

Huit mineurs sont pris en charge dans cette unité, encadrés par neuf éducateurs et deux veilleurs de nuit en roulement. « Certains jeunes manifestent un comportement impulsif et violent, souvent lié à des troubles émotionnels et comportementaux non pris en charge. D’autres souffrent de troubles psychiatriques sévères qui nécessiteraient un suivi médical conséquent, poursuit le représentant du personnel. Et on n’est ni formé, ni compétent pour assurer une prise en charge aussi lourde ».

Face à cette montée des violences dans ce centre qui comptent en totalité 220 agents, il assiste, affligé, « aux départs et arrêts maladies de collègues qui se succèdent ».

 

Défaillance de la hiérarchie directe

 

« Notre chef de service faisant fonction, et sous-directrice, est une ancienne éducatrice spécialisée de la PJJ. Être éduc PJJ, ce n’est pas être éduc spé à l’ASE. », regrette Didier Jardin qui souligne aussi que le jeune n'aurait jamais été convoqué. 

Depuis plusieurs mois, les éducateurs et veilleurs de nuit ont alerté des passages à l’acte des jeunes, et de leur impuissance à endiguer leur agressivité. Deux événements graves ont précédé cette attaque au couteau : « l'an dernier, un éducateur étranglé par un jeune l’an dernier, nécessitant une réanimation des pompiers, et dernièrement, suite à l’agression d’un autre jeune, un agent a eu trois côtes cassées, dont une nécessitant une opération », relate le syndicaliste.

Nous avons tenté de joindre Chantal Marchand, directrice générale des services généraux du département eurélien, sans succès. Elle a néanmoins déclaré à nos confrères des Echos Républicains : « Nous avons contacté l'agence régionale de santé pour trouver une structure adaptée à ces jeunes agressifs. Cela peut prendre un peu de temps ».

Ce week-end encore, de nouveaux débordements ont eu lieu. Et malgré la mobilisation d’un veilleur de nuit supplémentaire et d’une prime de risque de 118€ par mois avec effet rétroactif, Didier Jardin entend mener le mouvement bien au-delà : « on ne lâchera pas, nous attendons un chef de service compétent, plus de personnel, et une réponse éducative à la hauteur de la gravité de l’acte du jeune qui est toujours dans nos murs ».

Le syndicat appelle à une grève illimitée à partir de ce mercredi 15 mai.

 

>>> à lire aussi : Violences dans les foyers de l’enfance de Charente-Maritime : les éducateurs appellent à l’aide 

 

Appel à la grève du 15 mai

Tract Force ouvrière

 

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