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Une écoute mobile pour les victimes d’inceste

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Depuis janvier 2022, Mobil’Ecoute se déplace dans huit petites communes excentrées du département pour apporter écoute et soutien aux victimes d’inceste et de violences sexuelles.

Crédit photo Pavo
Loin de la ville, l’inceste est aussi une réalité, mais sa prise en charge est rendue complexe, faute de professionnels formés. En Loire-Atlantique, l’association SOS Inceste et violences sexuelles propose des consultations psychologiques gratuites dans un camion qui parcourt les petites communes du sud du territoire.

Pour repérer sa couleur bleu ciel, il faut contourner l’église et passer sous une arcade en pierre qui débouche sur un des parcs de Clisson, petite commune située à une vingtaine de kilomètres de Nantes. C’est là, dans un renfoncement à l’abri des regards, que le camion de SOS Inceste et violences sexuelles élit domicile tous les jeudis matin. A son bord, assise sur l’une des deux banquettes de cette ancienne ambulance réaménagée en salle de consultation, Elodie Debernardi, psychologue, attend sa première patiente de la journée. « Certaines personnes en zones rurales ou semi-rurales n’ont pas la possibilité de venir au siège nantais de l’association, faute de moyens matériels ou financiers. L’idée de cette unité mobile est d’aller à leur rencontre afin de faciliter la prise de rendez-vous, et ainsi de gommer la distance qui a tendance à les dissuader de demander de l’aide », renseigne la spécialiste.
 

Etre là au bon moment

Telle est l’ambition de Mobil’Ecoute qui, depuis janvier 2022, se déplace dans huit petites communes excentrées du département pour apporter aux victimes d’inceste et de violences sexuelles un espace dédié de libération de la parole à travers des consultations avec un psychologue. « A la campagne, l’inceste reste tabou. Il y a même des élus pour croire qu’il n’existe pas sur le territoire. Non seulement il existe, mais les victimes ont droit à accompagnement spécifique qui doit être réalisé par des professionnels formés au psycho-traumatisme », replace Cathy Millard, directrice de l’association, à l’origine de ce dispositif unique en son genre.

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Parmi les personnes qui fréquentent Mobil’Ecoute, de très nombreuses femmes dont le parcours est jalonné de ruptures et de carences. En poussant la porte de ce cabinet mobile, elles doivent pouvoir trouver une oreille attentive, capable de les rassurer sans mettre en doute leur parole. « La question de la validation des violences est essentielle. Cela permet à la victime d’être reconnue en tant que telle, surtout si elle parle pour la première fois, comme c’est le cas de nombre de nos patients », affirme Elodie Debernardi. En pratique, le premier échange a généralement lieu par téléphone. Un numéro unique dédié permet de joindre l’association nantaise qui, en fonction du lieu d’habitation de l’appelant et des jours de tournée de l’unité mobile, se charge de dispatcher les rendez-vous.
 

Se mettre au travail

En un an d’existence, 25 personnes, dont deux hommes, ont pu bénéficier d’un soutien au sein de Mobil’Ecoute. Les victimes sont généralement âgées de 30 à 35 ans, bien qu’elles puissent être accueillies à partir de 15 ans. Le suivi dure au maximum un an, à raison d’une ou deux consultations par mois selon l’état de la personne. « C’est une barrière qu’on s’est fixée car nous recevons des nouvelles demandes toutes les semaines et que nous voulons pouvoir y répondre. Un an, cela permet toutefois déjà de se mettre au travail. Ensuite, on peut orienter vers notre réseau de professionnels : psychologues, psychomotriciens, travailleurs sociaux », détaille la responsable de l’association.

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Depuis que le camion bleu fait escale dans leur commune, les habitants se sont habitués à le voir régulièrement stationné à proximité d’une église ou à deux pas d’un service de solidarité. Une mise en avant discrète mais centrale, qui a le mérite de contribuer à briser la loi du silence autour de l’inceste jusque dans les endroits les plus reculés. « Aujourd’hui, de plus en plus de professionnels du soin ou de l’action sociale nous adressent des personnes, constate Cathy Millard. Nous recevons aussi beaucoup d’appels de toute la France. Notre démarche intéresse, d’autant que, même s’il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions, elle fonctionne. Les personnes viennent nous voir et restent longtemps. Signe de notre utilité. »

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