Malgré une grève de trois jours à la mi-mai, le foyer de l'enfance de Chartres pâtit d'« une série de promesses non tenues ». « Les conditions de travail sont déplorables et les audits inefficaces », regrette amèrement Didier Jardin, représentant du personnel au centre départemental de l'enfance et de la famille à Champhol et secrétaire général au syndicat Force Ouvrière au Groupement départemental de la santé 28.
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Les revendications des employés, notamment le versement d'une prime de risque de 118 €, n'ont pas abouti, contrairement à ce qui avait été annoncé : « La prime promise pour tous s’avère être une prime au prorata de la quotité effectuée sur les groupes de vie, et une prime totalement inexistante pour les apprentis, pour compenser les risques accrus du métier. » Conséquence : « Les effectifs sont réduits et les arrêts maladie se multiplient, avec notamment seulement deux infirmières en service au lieu des quatre nécessaires », raconte Didier Jardin.
Les conditions de travail se détériorent : difficulté de recrutement, surcharge de travail et conflits internes. Les audits, censés évaluer la situation, « se sont déroulés en présence des chefs, biaisant une analyse objective des difficultés », raconte le syndicaliste. « Et une demande d'audit indépendant est restée sans réponse. »
Les congés maternité ne sont pas remplacés. Et « par manque de personnel, l'appartement devant accueillir des "groupes éphémères de fratries" ne sera finalement pas ouvert. Un appartement aménagé pour un coût de 675 000 € », poursuit le représentant du personnel.
Les conflits entre éducateurs augmentent, et les tensions internes sont à leur paroxysme. « Il ne manque pas grand-chose pour que ça parte en vrille », témoigne-t-il.
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Les choix financiers du centre sont également mis en cause. Des investissements considérables ont été faits : outre l'achat de l'appartement dans le centre de Champhol, une ferme pédagogique a été créée dont les coûts en soins vétérinaires s'élèvent à 30 000 € par an, avec des tarifs augmentés après 20 h.
Ces dépenses, jugées non prioritaires par les employés, contrastent fortement avec le manque de ressources pour les besoins essentiels du centre. « Un cochon d'Inde coûte 800 €, alors que nous manquons de personnel et de fournitures de base », s'indigne Didier Jardin.
Comme lors de la grève de mai dernier, nous avons tenté de contacter les services de la Métropole, en vain.
Face à cette situation explosive, les personnels ont décidé à nouveau d'une action forte : un appel à la grève le mardi 3 septembre 2024 avec « un filtrage des ronds-points ». Une mobilisation pour attirer l'attention du président de la Métropole, afin « qu'il prenne ses responsabilités parce que ça va mal finir, ça va péter », craint Didier Jardin, qui a invité dans un courrier « les autres départements de la région à se mobiliser avec nous ».
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