La stratégie habituelle est inopérante ? Changeons-en ! C’est en substance le credo de la Convention nationale des associations de protection de l’enfance (Cnape). Quelques jours après le second tour des élections législatives, le bureau de l’association émettait l’idée de réunir tous les acteurs de la protection de l’enfance autour d’une grande mobilisation. Un mode opératoire plutôt inhabituel mais assumé.
« Nos modalités d’action traditionnelles restaient sans solution, explique Pierre-Alain Sarthou, directeur général de la Cnape. En cette période d’instabilité gouvernementale, nous n’avons aucune certitude que nos sujets seront pris en compte. La commission d’enquête sur les manquements des politiques de protection de l'enfance [qui n’a pu aller à son terme et pourrait être relancée, ndlr] n’a pas suscité la moindre réponse publique. Face au constat que nous n’étions pas les seuls à subir les effets des défaillances des politiques de l’enfance, nous avons lancé le collectif des 400 000. »
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Le pari : démontrer que la protection de l’enfance peut réunir du monde. « A chaque fois, le secteur a organisé des rassemblements à faible portée, en termes de participants, et rarement de manière interassociative », rappelle Pierre-Alain Sarthou.
FAS, Uniopss, Gepso, Droit d’enfance… Mi-juillet, une trentaine de structures soutenaient l’appel à manifester. Elles sont aujourd’hui près du double, le collectif comptant désormais dans ses rangs des acteurs moins attendus comme L’alliance des avocats pour les droits de l’homme ou encore le Carrefour des délégués aux prestations familiales (CNDPF).
Faire front commun
Des structures aux activités et aux modes d’actions variées mais aux intérêts convergents. « On parvient à un tel niveau de défaillances que même les associations qui ont peu l’habitude d’appeler à manifester le font », remarque Violaine Husson, responsable des questions genre et protections à La Cimade.
L’association, qui œuvre en faveur des exilés, a soutenu sans réserve l’appel des 400 000, jugeant intéressant de « faire front commun ». « Notre angle, c’est les mineurs non accompagnés (MNA), mais c’est important de se rassembler autour des enjeux globaux de la protection de l’enfance : l’accueil des jeunes majeurs, les conditions d’exercice des travailleurs sociaux, l’accompagnement des familles en difficulté, explique Violaine Husson. C’est aussi une manière de montrer que les MNA ne sont pas la cause des défaillances du secteur. »
L’organisation patronale Nexem, qui représente 60% des établissements et services de protection de l’enfance associatifs, invite toutes les structures de son réseau à rejoindre la mobilisation : « Il est scandaleux pour un pays comme la France de ne pas faire le maximum pour aider les jeunes en extrême difficulté, déclare son président Alain Raoul qui veut saisir « toutes les occasions possibles pour interpeller nos dirigeants sur l'urgence d'agir pour le secteur, quel que soit le champ d’activité ».
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Face à l’ampleur du défi à relever, le collectif Les 400 000 a priorisé ses revendications autour de quatre urgences :
- mettre fin aux mesures de protection non exécutées ou mises en œuvre avec des délais excessifs ;
- réinvestir dans le soutien aux familles en difficulté, pour prévenir la maltraitance et éviter les mesures de protection plus radicales ;
- reconnaître et remédier au déclassement des travailleurs sociaux ;
- assurer un accompagnement des jeunes majeurs sortant de l’aide sociale à l’enfance.
Citoyens et acteurs concernés sont invités à rejoindre la manifestation qui aura lieu le 25 septembre à 13 h, sur l’esplanade des Invalides à Paris.