Le contexte :
Créé en 2015, à l’initiative du Département de la Moselle, le dispositif Mousqueton s’adresse aux adolescents fugueurs, dont le suivi en protection de l’enfance n’est plus adapté. Son objectif : aider ces jeunes, âgés de 13 à 18 ans, à « raccrocher » avec un projet de vie, et à tendre vers une démarche progressive d’insertion sociale. Mousqueton est géré par le Comité mosellan de sauvegarde de l’enfance, de l’adolescence et des adultes (CMSEA 57).
La réponse :
Composé d’une équipe d’éducateurs, d’un psychologue et d’une cheffe de service, Mousqueton est un dispositif hors les murs. Il propose un accueil de jour, avec différentes activités, mais pas d’hébergement, hormis une mise à l’abri sur une structure d’Accès à l’autonomie. « Elle peut être sollicitée parce que le jeune se sent en danger ou qu’il s’est fait exclure du squat dans lequel il réside », explique la cheffe de service Djamila Allag.
Principale caractéristique du dispositif : la création de lien. « Les deux premières phases de l’accompagnement comportent peu de contraintes : il s’agit d’approcher et d’accrocher, explique la cheffe de service Djamila Allag. Souvent, ce sont les jeunes qui donnent la temporalité. »
Intégrée au Dispositif d’accompagnement spécifique aux adolescents (DASA), au sein d’une association qui compte près de 70 établissements, l’équipe de Mousqueton s’appuie sur ses collègues et sur un réseau de partenaires externes, en fonction des profils des jeunes accompagnés.
Les enseignements :
Tous les jeunes fugueurs ne sont pas victimes de prostitution. Mais ces situations ajoutent une complexité à leur accompagnement. Tout l’enjeu réside dans la nécessité de maintenir le lien. « On a accueilli une jeune fille dans notre dispositif de mise à l’abri. On savait ce qu’elle allait faire le week-end. Comment la protéger ? A un moment, on est obligé de la laisser partir en espérant que ça se passe le moins mal possible et qu’elle revienne le lundi matin, explique Djamila Allag. Quand un jeune refuse la mise à l’abri, on ne peut pas aller plus loin. Si on le force, on perd le lien et il sort de nos radars. »
La cheffe de service souligne la nécessité de nommer les situations, avec la famille notamment, même lorsqu’elles sont difficiles à expliciter, pour que chacun ait le même niveau de compréhension. « Souvent, les familles éprouvent de la honte lorsqu’il y a des situations de prostitution. Il faut travailler la relation avec elles, avoir une écoute active. »
Une règle intangible : répondre à l’immédiateté de la demande pour leur permettre de couper avec le milieu dans lequel ces jeunes évoluent. « Certaines nous demandent de souffler, de ne pas se retrouver avec tel ou tel client, détaille Djamila Allag. Cela pose la question des ressources humaines, de la logistique et de l’hébergement. Mais il faut pouvoir répondre à cette immédiateté. Et à ce titre, on a la chance de pouvoir compter sur les autres structures du CMSEA. »
>>> Notre dossier sur le maintien du lien avec les mineures prostituées
1. Un compte Snapchat pour maintenir le contact (en accès libre)
2. Un Mousqueton pour raccrocher les ados fugueurs